(Nombre de morts actualisé, précisions)

par Raheem Salman

BAGDAD, 30 octobre (Reuters) - L'Etat islamique a exécuté au moins 220 Irakiens en représailles à l'action d'une tribu qui s'était opposée à la prise par les djihadistes de territoires à l'ouest de Bagdad, ont rapporté des témoins et des membres des services de sécurité.

Deux charniers ont été découverts jeudi contenant les corps d'une partie des 300 membres de la tribu sunnite Albou Nimr que l'Etat islamique avait enlevés cette semaine. Les otages, des hommes âgés de 18 à 55 ans, ont été abattus à bout portant, rapportent des témoins.

Un charnier contenant 70 corps a été mis au jour près de la ville de Hit dans la province d'Anbar, important bastion sunnite, selon des témoins. Presque toutes les victimes étaient membres de la police ou de la milice Sahoua (Réveil) qui lutte contre l'EI.

Un autre charnier contenant les corps de 150 hommes appartenant à la même tribu a été découvert près de la ville de Ramadi, également dans la province d'Anbar, ont rapporté les services de sécurité.

Un témoin a expliqué à propos du premier charnier qu'après sa découverte, des membres de l'EI avaient indiqué que les morts faisaient partie de Sahoua.

"Ils ont combattu nos frères de l'Etat islamique. C'est la sanction pour ceux qui combattent l'Etat islamique", ont dit les djihadistes selon le témoin.

Les insurgés avaient ordonné aux hommes de la tribu de quitter leurs villages et de se rendre à Hit, à 130 km à l'ouest de Bagdad, leur promettant un passage "sûr", ont raconté des chefs tribaux. Ils ont ensuite été enlevés et tués.

Les milices Sahoua ont été créées avec le soutien du gouvernement américain pour lutter contre Al Qaïda lors de l'offensive de 2006-2007.

Les Etats-Unis, qui n'ont plus de troupes au sol en Irak mais qui soutiennent les forces irakiennes par des frappes contre l'EI depuis le début août, espèrent que le gouvernement de Bagdad pourra renouer avec les tribus sunnites, notamment dans la province d'Anbar, désormais pratiquement entièrement contrôlée par l'Etat islamique.

Mais les chefs tribaux sunnites accusent le Premier ministre irakien Haïdar al Abadi, de ne pas avoir tenu sa promesse d'envoyer des armes pour contrer l'EI, qui dispose de mitrailleuses lourdes, de lance-roquettes et autres chars.

"Les Américains, c'est que des paroles et pas d'action", a déclaré le cheikh Naïm al Ga'oud, un des chefs de la tribu Albou Nimr.

Alors que le gouvernement irakien et les peshmergas du Kurdistan irakien ont commencé à reprendre à l'EI des territoires dans le Nord, l'organisation djihadiste accentue son avance dans l'Anbar et se rapproche de plus en plus de Bagdad. (Rahim Salman; Danielle Rouquié pour le service français)