(Actualisé avec précisions, déclarations, condamnations, contexte)

par Sylvia Westall et William Mallard

BEYROUTH/TOKYO, 1er février (Reuters) - L'Etat islamique a annoncé samedi avoir décapité un second otage japonais, le journaliste Kenji Goto, l'échange de prisonniers qui devait permettre sa libération n'ayant pu être mené à bien.

Le groupe sunnite fondamentaliste, qui contrôle des terres en Syrie et en Irak, a diffusé une vidéo qui montre ce qui semble être le corps décapité du journaliste et menace de s'attaquer à d'autres cibles japonaises. La vidéo semble authentique, a indiqué le ministre japonais de la Défense Gen Nakatani.

L'EI avait indiqué que Kenji Goto, 47 ans, était détenu avec un pilote jordanien. La vidéo, qui dure environ une minute, ne mentionne pas le sort de ce pilote, Mouath al Kassaesbeh.

Dans un message audio diffusé cette semaine et attribué à Kenji Goto, l'otage japonais déclarait que le pilote jordanien serait exécuté si Amman ne libérait pas Sadjida al Richaoui, une Irakienne emprisonnée pour son rôle dans l'attentat suicide qui fit 60 morts en 2005 dans la capitale jordanienne.

Cette seconde décapitation d'un otage japonais a suscité la condamnation du Japon mais aussi de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Uni.

Le document vidéo montre un homme cagoulé debout derrière Kenji Goto avec un poignard plaqué sur son cou, suivi d'images d'un corps avec une tête posée dessus.

Kenji Goto, un correspondant de guerre chevronné âgé de 47 ans, avait été capturé en octobre dernier en Syrie où il s'était rendu pour tenter d'obtenir la libération d'un autre captif japonais, Haruna Yukawa, dont l'EI a annoncé l'exécution il y a exactement une semaine.

"Je ressens une forte indignation face à cet acte de terrorisme inhumain et méprisable", a déclaré le Premier ministre Shinzo Abe à des journalistes. "Je ne pardonnerai jamais à ces terroristes."

"Le Japon oeuvrera avec la communauté internationale pour traduire les responsables de ces crimes devant la justice", a-t-il ajouté.

MÊME ACCENT ANGLAIS

Le président américain Barack Obama a condamné un meurtre "odieux" tandis que son homologue français François Hollande d'un meurtre "brutal". Les deux chefs d'Etat ont indiqué qu'ils continueraient à travailler à l'élimination de l'EI.

L'Etat islamique a menacé de tuer ses otages japonais quand Shinzo Abe a annoncé, le 17 janvier dernier, le versement de 200 millions de dollars d'assistance non militaire aux pays luttant contre le groupe djihadiste.

S'adressant au Premier ministre japonais Shinzo Abe, l'homme cagoulé déclare: "En raison de votre décision imprudente de prendre part à une guerre impossible à gagner, ce couteau ne tuera pas seulement Kenji, mais il continuera et poursuivra son carnage où que soient vos ressortissants. Que le cauchemar du Japon commence."

L'homme cagoulé a le même accent anglais que le bourreau apparu sur d'autres vidéos de décapitation d'otages l'an dernier. Kenji Goto porte une combinaison orange comme les prisonniers de l'EI dans les vidéos précédentes.

Le paysage figurant sur la vidéo, une colline et des terres couvertes de broussailles, diffère du paysage désertique qui apparaissait dans les précédentes vidéos de revendication de l'Etat islamique.

Kenji Goto était correspondant de guerre pour de nombreux médias japonais et notamment pour la chaîne de télévision NHK.

Il avait trois enfants, de deux unions, dont le dernier était né en octobre, ont indiqué ses proches.

"Quoiqu'il arrive, c'est ma responsabilité, avait déclaré Kenji Goto dans une vidéo enregistrée juste avant qu'il ne parte pour Rakka en Syrie. Ce furent ses dernières images avant la diffusion, le 20 janvier par l'EI, d'une vidéo semblant montrer les deux Japonais et menaçant de les tuer s'il ne recevait pas une rançon de 200 millions de dollars. (Dominic Evans, avec Kiyoshi Takenaka; Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)