BAGDAD, 22 mai (Reuters) - Les djihadistes de l'Etat islamique ont poussé leur avantage à l'est de Ramadi, vendredi, après avoir chassé l'armée irakienne de la ville au cours du week-end, et se sont rapprochés de la base militaire stratégique d'Habbaniya.

Les forces pro-gouvernementales, qui ont enregistré dans la capitale provinciale de l'Anbar l'un de leurs plus cuisants revers, espéraient reprendre le terrain concédé mais ce sont les islamistes qui poursuivent leur marche en avant en direction de Falloudja.

Amir al Fahdaoui, chef des forces tribales sunnites soutenant le gouvernement de Bagdad dans la région, a indiqué que les combattants de l'Ese trouvaient à cinq kilomètres de Khalidiya, ville voisine de la base d'Habbaniya.

Ce centre militaire revêt une importance stratégique pour le pouvoir irakien car il a commencé à y concentrer des soldats, appuyés par des membres de la milice chiite Hachid Chaabi ("Mobilisation populaire").

"Nous manquons d'armes et de munitions et nous avons demandé hier des renforts. Zéro troupe supplémentaire plus zéro réserve de munitions égale un moral à zéro pour nos hommes", a dit Fahdaoui.

"Nous nous sommes repliés à Siddikiya aujourd'hui mais je ne suis pas sûr que nos hommes puissent tenir longtemps. Ils sont épuisés et démoralisés", a-t-il ajouté.

Des centaines de personnes ont commencé à fuir devant l'avancée des djihadistes, a indiqué Azzal Obaïd, membre du conseil provincial.

Le seul moyen de les arrêter serait de déployer des unités paramilitaires chiites en grand nombre, a estimé Obaïd.

Le Premier ministre Haïdar al Abadi a pris la décision d'autoriser la présence de groupes paramilitaires chiites dans cette région à majorité sunnite au risque d'accentuer les tensions communautaires.

L'ayatollah Ali al Sistani, principal dignitaire chiite irakien, a plaidé en faveur d'un plan pour débarrasser l'Irak de l'Etat islamique, notamment en repassant à l'offensive.

"L'accent est mis sur la défense plus que sur l'attaque, cela permet à nos ennemis d'avoir l'avantage", a commenté Sistani. "L'initiative doit être laissée aux forces armées et aux combattants de (la milice) Hachid et des tribus".

En juin dernier, la prise de Mossoul par l'Etat islamique avait convaincu Sistani de lancer un appel aux armes. Des milliers de volontaires chiites s'étaient enrôlés pour endiguer la progression des djihadistes.

(Isabel Coles; Pierre Sérisier pour le service français, édité par Tangi Salaün)