Cette annonce ouvre la voie à l'une des plus importantes introductions dans le secteur bancaire depuis plusieurs années et représente une étape supplémentaire dans le long processus de sortie de crise en Europe.

Dans un communiqué, Jeroen Dijsselbloem précise qu'une première tranche de capital de 30% pourrait rapporter trois à 4,5 milliards d'euros et que cette opération, qui nécessite un feu vert du Parlement néerlandais, pourrait intervenir dès le quatrième trimestre de cette année.

Le ministre des Finances prévoit que l'Etat restera actionnaire de la banque pendant "un certain nombre d'années". Des dispositions vont en outre être prises pour éviter des tentatives de rachat hostile dès lors qu'une partie du capital d'ABN Amro sera de nouveau cotée sur le marché.

ABN Amro était l'une des trois principales banques des Pays-Bas et un acteur majeur du secteur bancaire sur le plan mondial lorsqu'elle a été rachetée et démantelée en 2007 dans le cadre d'une opération hostile de 71 milliards d'euros, la plus importante à l'époque de l'histoire bancaire.

MEILLEURS RÉSULTATS DEPUIS QUATRE ANS

Cette prise de contrôle s'est révélée désastreuse aussi bien pour ABN Amro que pour ses acquéreurs, Royal Bank of Scotland, elle-même nationalisée par la suite par le gouvernement britannique, l'espagnole Santander et la désormais défunte Fortis.

En pleine crise financière mondiale, ce qu'il restait d'ABN Amro a été repris un an plus tard par l'Etat néerlandais pour un coût total de 24 milliards d'euros.

Le gouvernement paraît aujourd'hui déterminé à éviter la répétition d'un tel scénario. Les actions émises seront assorties d'un droit de vote susceptible d'être suspendu en fonction de certaines circonstances.

Jeroen Dijsselbloem a dit qu'ABN Amro suscitait un intérêt considérable sur le marché et ajouté que la Banque centrale des Pays-Bas jugeait elle aussi possible une introduction en Bourse en 2015.

Le ministre des Finances a dû repousser en mars le retour en Bourse d'ABN Amro en raison de l'émoi provoqué au sein de la population néerlandaise par l'augmentation de salaires envisagée pour les dirigeants de l'établissement, qui a licencié plusieurs milliers d'employés après son sauvetage par le contribuable.

Le projet de verser 100.000 euros supplémentaires à chacun des membres de la direction a depuis été abandonné.

ABN Amro a publié le 13 mai ses meilleurs résultats trimestriels depuis quatre ans, avec bénéfice ajusté de 543 millions d'euros pour le premier trimestre, en hausse de 52% sur un an.

(Avec Thomas Escritt et Anthony Deutsch; Marc Angrand et Bertrand Boucey pour le service français)

par Toby Sterling