Le Chili qualifié "d'Arabie Saoudite du lithium" par Forbes

Ce métal que l'on extrait notamment des lacs du "triangle du lithium" (Chili, Bolivie et Argentine représentent 40% des resources mondiales), profite d'une légèreté et une haute capacité électrochimique rendant possible la production et la commercialisation de batteries de plus en plus denses pour des prix de plus en plus abordables. Très logiquement avec l'essor des produits high tech, ce métal alcalin a vu sa demande décupler ces dernières années. Cette dynamique ne devrait pas faiblir puisque pour de nombreux experts, le lithium est d'ailleurs déjà considéré comme la ressource clé de la prochaine décennie.
 

 


Une demande qui explose

La Chine est devenue en 2015 le premier marché mondial de véhicules électriques avec près de 250.000 unitées vendues. Les ventes de batteries au lithium en Chine devraient représenter plus de 8.5 milliards d'euros en 2016 et près de 30 milliards d'euros en 2020. Il est prévu que la moitié de la production mondiale de lithium sera consacrée aux batteries d'ici 2025. Cette perspective long terme laisse planer de très belles perspectives de croissance et de bénéfice pour les acteurs de ce marché.

Les véhicules électriques constituent indéniablement le devenir commercial de ce métal notamment avec la Chine qui entend mettre en circulation 5 millions de "véhicules propres" et l'Inde 6 millions pour 2020. Le constructeur automobile Tesla, actuellement leader incontesté de ce marché en est la meilleure preuve. Il y a deux ans, la société d'Elon Musk avait lancé un chantier majeur avec sa "Gigafactory" dans le Nevada. La capacité de production de batteries au lithium-ion sera en 2017 rien que dans cette usine plus importante que la production mondiale de lithium en 2013. Cette société entend en effet multiplier par dix sa capacité de production de véhicules pour atteindre un demi-million dès 2020. Tesla annonce la couleur: elle prévoit de recourir à l'intégralité de la production mondiale actuelle de batterie au lithium-ion pour permettre son développement !

Les 400 millions de téléphones et 200 millions de tablettes vendues rien qu'en 2015 ne représentent qu'une goutte d'eau comparativement aux besoins dont le secteur automobile va nécessiter. Par conséquent, un nouveau créneau s'est ouvert pour les sociétés d'exploitation minière. C'est un véritable phénomène de réouverture de mines partout dans le monde qui se constate. Rien qu'en Australie, c'est seize projets de réouverture de mines à ciel ouvert qui sont en cours. La France n'entend également pas rater le train de l'extraction du lithium tout comme la Chine par ailleurs. Une étude de l'institut d'études géologiques américain estime que les réserves exploitables de ce précieux métal est d'environ 365 ans ! Mais selon une étude de Citigroup, ce chiffre est à relativiser et diviser par deux en partant d'une estimation d'extraction de 80.000 tonnes de lithium par an, correspondant aux besoins mondiaux à venir à court terme.


Vue journalière de l'indice Solactive Global Lithium depuis cinq années

 
Il convient de savoir que le lithium n'est pas un métal coté en bourse, de sorte que les investissements directs dans ce matériau restent encore difficiles. La meilleure opportunité offerte reste dès lors d'investir dans un fonds négocié en bourse (ETF) qui suit l'Indice mondial Solactive Global Lithium. 
 
Le graphique ci-dessus montre d'ailleurs la très bonne performance des cours de l'indice depuis le début d'année 2016 avec déjà 40% de gain à 88 dollars désormais, proche de ses plus hauts à deux ans (93 dollars). Dans le détail, les acteurs des différents secteurs d'activité gravitant autour de ce métal sont  les minières, les fabricants de batteries et les constructeurs automobiles:
 
 

Tableau présentant les sociétés du secteur relatif au lithium faisant le plus parler ces derniers mois 

C'est très logiquement la compagnie américaine de voiture électrique Tesla qui fait le plus parler dans ce domaine notamment avec ses annonces des derniers mois relatives au développement de sa capacité de production et donc du besoin en lithium qui en découle. Le constructeur automobile chinois BYD électric arrive en seconde position, tandis que la compagnie japonaise Panasonic (l'un des plus importants fournisseurs de batteries à Tesla) ferme la marche.
 

Corrélation entre les sociétés les plus en vues médiatiquement (industrie de la voiture électrique principalement) et l'ETF sur le lithium
 
En prenant l'exemple du constructeur automobile Tesla, les statistiques montrent que la corrélation avec l'indice (fonction R) est passée de 0,349 en 2015 à 0,604 actuellement. Avec l'exemple de la société chinoise BYD, cette corrélation à l'ETF s'est accrue de 0.538 en 2015 à 0.671 désormais. Enfin avec la société nippone Panasonic la corrélation est passée de 0.541 à 0.582. Le constat apparaît clair : des valeurs approchant progressivement de +1 montre une forte liaison et une relation linéaire croissante. Ces trois sociétés de différentes nationalités et parmi les leaders dans leur domaine d'utilisation du lithium ont connu une corrélation en augmentation.
 
S'agissant des quatre compagnies minières majeures du secteur FMC, suivi par Quimica, Orocobre et Albemarle, malgré leur pondération beaucoup plus lourde dans cet ETF, leurs corrélations sont comprises entre 0,3 à 0,7, soit dans la même veine que les trois sociétés précédemment citées en exemple. En revanche, force est de constater que le changement de corrélation est minime entre les deux périodes de régression à la différence d'un constructeur d'automobile électrique comme Tesla.



De l'intérêt d'un ETF pour se composer un panier de valeurs exploitants le lithium


Allocation en action au sein de l'ETF Global X Lithium
 

L'ETF "Global X Lithium" suit la performance de l'indice mondial Solactive Global Lithium en reprenant notamment toutes les sociétés cotées composant ce dernier. Les quatre plus importantes sociétés pondérées FMC (21.8%), Quimica (12.2%), Orocobre (7.1%) et Albemarle (6.3%) sont des compagnies minières qui fournissent ce métal aux fabricants en aval. Elles représentent près de 47 % de la pondération de cet ETF. Dans ce portefeuille composé des 20 plus importantes entreprises, la pondération de Tesla ne représente que 3,7%. Panasonic ne dépasse pas les 4% également.
 
60% de l'allocation concerne le secteur des matériaux de base (vert). En d'autres termes, il va s'agir majoritairement de compagnies minières comme les compagnies américaine FMC Corp et Albemarle, la société chilienne Quimica ou encore la société Australienne Orocobre.
- 15.4% d'allocation les sociétés à valeurs technologiques, très fortement demandeuses de ce métal. On y retrouve des valeurs sûres comme la société japonaise Panasonic ou encore le coréen Samsung.
- 13.2% d'allocation au sein de l'ETF pour le secteur des biens consommables parmi lequel figure la société américaine de voiture électrique Tesla ou le constructeur automobile chinois Byd.
- Dans le secteur de l'énergie (11.1%), on retrouve la small cap française Blue Solutions du groupe Bolloré, spécialisée dans la conception, fabrication et commercialisation de batteries au lithium. Cette société de 392 millions d'euros de capitalisation boursière fabrique notamment les véhicules électriques Bluecar que l'on retrouve en libre accès dans diverses villes françaises (autolib à Paris, BlueClub à Bordeaux...). 

 
 
De l'intérêt du stock-picking pour les investisseurs préférant privilégier certains dossiers

Quelques sociétés ont déjà pris les devants en termes de performances et ont retenu notre attention. Grâce aux notations Surperformance, nous avons identifié pour vous des sociétés à fort potentiel dans leur secteur respectif avec comme dénominateur commun le lithium. Profitez-en pour diversifier vos placements !


- OROCOBRE Limited = Dans le secteur minier, voici une société australienne de 579 millions d'euros de capitalisation. Fondée en 2005, cette dernière exploite notamment les minéraux et métaux exclusivement dans les lacs salés d'Argentine. Son chiffre d'affaires progresse d'exercice en exercice avec 25 millions de dollars australien attendu pour 2016. Les perspectives pour 2018 tablent sur un triplement de ce chiffre d'affaires et des marges d'exploitation très confortables de près de 84% dès l'exercice 2017. Sept analystes suivent actuellement cette valeur et restent très majoritairement à l'accumulation sur ce titre.


- PANASONIC Corp = Anciennement Matsushita, ce grand groupe japonais, de près de 22 milliards d'euros de capitalisation, est spécialisé dans l'électronique grand public. Cette société produit des batteries et piles au lithium. Avec une très faible valeur d'entreprise sur chiffre d'affaires (0.32x), un rendement attendu de 2.5% par an pour les prochains exercices, plusieurs fondamentaux militent pour le suivi de cette société. Le bénéfice net est attendu en progression de près de 30% pour l'exercice 2019. Là encore, 20 analystes suivent cette société et restent nettement à l'accumulation sur la valeur.


- SIMPLO TECHNOLOGY = société taiwanaise de 876 millions d'euros de capitalisation qui est spécialisée dans la production de batteries notamment pour mobiles, tablettes, ordinateurs... De nombreux fonds d'investissement réputés se sont déjà positionnés sur cette valeur (Vanguard Group, Fidelity Management ou encore Templeton Investment). Le chiffre d'affaires est attendu en progression pour 2016 et 2017.



BYD Co Limited = D'abord simple fabricant chinois de batteries à Shenzhen, l'entreprise a élargi son activité au secteur automobile, avec désormais 19 milliards d'euros de capitalisation boursière. Le chiffre d'affaires est attendu en progression de près de 36% pour l'exercice 2018. 17 analystes restent également à l'accumulation sur ce titre à l'heure actuelle.



GS YUASA Co = compagnie japonaise avec une capitalisation boursière de 1.5 milliard d'euros et fabricant des batteries électriques. Il s'agit d'ailleurs du leader mondial des batteries étanches. Cette société équipe également 90% des motos sortant d'usine de diverses marques comme Kawasaki, Harley-Davidson... GS Yuasa fournit également 90% des batteries des véhicules de sport motorisés en Amérique du Nord. Les fondamentaux restent bons et les perspectives financières sont au beau fixe pour les exercices à venir justifiant la bonne appréciation des analystes sur la valeur japonaise.



 
 
Les investisseurs doivent cependant garder en tête que divers éléments pourraient pénaliser et freiner le développement et l'exploitation de ce métal. En effet à l'heure de la COP21 et la ratification de textes internationaux contre les émissions de CO2 par les grandes nations, les dégradations environnementales engendrées par le lithium font débat. Divers facteurs ternissent le dossier de "l'or blanc":

- Une pollution liée à son exploitation minière. L'extraction s'opère généralement par évaporation, dès lors la solution restante est traitée avec une très grande quantité d'eau. Le problème résulte de l'absence de traitement des eaux qui viennent polluer les sols sans compter sur les pénuries d'eaux pour les zones habitées autour de ces usines de traitement (difficulté de développer l'agriculture, absence d'eau potable). D'autre part, selon M.Kalverkamp, porte-parole de la fondation Heinrich Boll "L'exploitation de métaux rares accroît la consommation d'énergie dans les pays producteurs, qui investissent pour le coup dans des énergies bon marché comme le charbon, amplifiant le phénomène de dégradations environnementales". 

- Quid des déchets et recyclage de ce matériau. Actuellement c'est plus de 1300 tonnes de batteries et accumulateurs qui sont jetées chaque année. Les estimations des experts anticipent même 14000 tonnes pour 2020 ! Le recyclage n'est pour l'heure pas encore efficient, de nombreux recherches et projets travaillent au développement de procédés permettant à terme la réutilisation quasi totale de ce métal.