* Les capacités d'enrichissement et les activités de recherche et développement doivent être encadrées

* Les négociateurs veulent s'entendre d'ici mardi

* "L'issue est incertaine", dit un diplomate occidental

* Zarif: les discussions vont se poursuivre "ce soir, cette nuit, demain matin" (Actualisé avec entretien Rohani-Merkel, nouvelles citations)

par Louis Charbonneau et John Irish et Parisa Hafezi

LAUSANNE, Suisse, 28 mars (Reuters) - L'Iran et les grandes puissances impliquées dans les discussions sur son programme nucléaire sont proches d'un accord sur un texte de deux ou trois pages avec des chiffres précis qui formerait la base d'un accord définitif, mais l'issue est encore incertaine et la prudence de mise à Lausanne où les négociateurs se sont donné jusqu'à mardi prochain pour conclure.

Téhéran et les Etats-membres du groupe "P5+1" (France, Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni et Allemagne) cherchent à s'entendre sur un accord-cadre qui ouvrirait la voie à un règlement définitif sur le programme nucléaire iranien prévu, lui, d'ici au 30 juin.

"Je suis venu avec le souhait d'avancer vers un accord robuste", a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, à son arrivée à Lausanne samedi matin, où il a rejoint ses homologues américain John Kerry et iranien Mohammad Javad Zarif.

"L'Iran a parfaitement le droit d'avoir recours au nucléaire civil, c'est tout à fait légitime. En revanche, la bombe atomique, nous disons clairement non", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il y avait "encore des progrès à faire".

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a également gagné Lausanne samedi. Ses homologues britannique, russe et chinois sont attendus dans le courant du week-end.

D'après des responsables occidentaux et iraniens, les discussions autour de ce projet d'accord en deux ou trois pages ne sont pas encore terminées et des points clés font toujours l'objet de discussions délicates, mais les négociations progressent.

"Les parties sont très, très proches de l'étape finale et cela pourrait être signé ou faire l'objet d'un accord et être annoncé verbalement", a assuré un haut responsable iranien au fait des discussions qui a requis l'anonymat.

"CHOIX TRÈS DOULOUREUX DANS LES TROIS JOURS QUI VIENNENT"

"L'issue est incertaine, c'est clair", a en revanche déclaré un diplomate occidental. "Si les Iraniens ne bougent pas, ça me paraît assez difficile, et pour l'instant ils ne bougent pas beaucoup. Le deal est tout à fait possible, mais ça suppose des choix très douloureux dans les trois jours qui viennent", a-t-il ajouté.

"Dans des négociations, les deux parties doivent faire preuve de souplesse", dit quant à lui le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Zarif sur Twitter. "Nous sommes prêts à conclure un accord bénéfique pour tous. Nous en attendons autant de nos interlocuteurs", ajoute-t-il.

Le chef de la diplomatie négocie depuis plusieurs jours avec son homologue américain John Kerry à Lausanne pour parvenir à ce bref accord de principe, dont la publication fait débat. Selon deux responsables, il devrait être diffusé, mais certains points resteront confidentiels.

Zarif, à l'orée d'une nouvelle réunion avec Kerry, a prévenu que les discussions à venir allaient se poursuivre "ce soir, cette nuit, demain matin".

Le président iranien Hassan Rohani s'est par ailleurs entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel, dit-il sur Twitter, ajoutant que tous deux sont convenus de la nécessité d'un accord.

CHIFFRES PRÉCIS

En cas d'entente, le texte évoquera les chiffres-clés d'un futur règlement définitif de la crise qui a éclaté à l'été 2002 avec les premières révélations sur l'existence d'un programme nucléaire clandestin.

Parmi ces chiffres, figurent le nombre maximum et le type de centrifugeuses ainsi que le volume des stocks d'uranium que l'Iran conserver, le type de recherche (R&D) qu'il pourra entreprendre et les étapes concernant la levée des sanctions qui pèsent sur l'économie iranienne.

"Le paquet enrichissement et R&D n'est pas réglé", a dit un diplomate occidental.

Un des chiffres clés devrait être la durée de l'accord, dix ans minimum a priori.

A l'expiration de ce délai, il devrait y avoir une période de surveillance particulière du programme nucléaire de Téhéran.

Si l'Iran cesse ses travaux nucléaires sensibles, les sanctions à son encontre seront progressivement levées et la confrontation larvée entre Téhéran et l'Occident pourrait prendre fin.

"Ce qui est très important, c'est le contenu même des engagements qui doivent être pris et aussi, j'insiste, la transparence, les mécanismes et le contrôle pour qu'on soit sûr que les engagements pris soient respectés", a déclaré Laurent Fabius.

On ne sait pas si le texte en discussions sera formellement signé ou s'il fera l'objet d'un accord verbal. Au cours des quelques dix-huit mois de négociations écoulés depuis la conclusion d'un accord intermédiaire, en novembre 2013 à Genève, l'Iran s'est opposé à l'idée d'un texte écrit. Téhéran craint qu'une signature ne limite sa marge de négociation dans la mise au point des détails techniques dans les mois qui vont suivre.

Même s'il y a accord sur deux ou trois pages, il n'est pas sûr qu'il y ait accord sur les négociations techniques qui suivront d'ici au 30 juin, indique-t-on.

RENVOI

Pour un ENCADRE sur les paramètres des négociations, double-cliquer sur ) (Danielle Rouquié, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français)