(Actualisé à l'issue du premier tour)

par Steve Scherer et Gavin Jones

ROME, 29 janvier (Reuters) - Comme prévu, les 1.009 grands électeurs italiens n'ont pu se mettre d'accord jeudi, au premier tour de scrutin, sur le choix d'un nouveau président de la République après la démission ce mois-ci de Giorgio Napolitano.

Deux autres tours de scrutin se dérouleront vendredi, avec toujours l'obligation pour un candidat d'obtenir les deux tiers de voix, ce qui semble bien improbable. Au quatrième tour, samedi, la majorité simple, soit 505 voix, suffira.

Renzi a proposé la candidature de Sergio Mattarella, un magistrat âgé de 74 ans qui siège à la Cour constitutionnelle. "J'ai pensé proposer une personnalité dont l'expérience politique et institutionnelle est la garantie qu'il guidera l'Italie avec autorité pendant sept ans", a-t-il dit.

Son choix a été approuvé à l'unanimité des grands électeurs appartenant au Parti démocrate (PD), sa formation de centre gauche, mais rejeté par Silvio Berlusconi, chef de file de l'opposition de droite, qui a accusé Renzi de rompre le pacte qui prévoyait selon lui un accord préalable sur un candidat commun.

En optant pour Mattarella, qui n'a jamais été proche de Berlusconi (il a démissionné en 1990 de son poste de ministre de l'Education pour protester contre un décret favorisant l'empire médiatique du Cavaliere), Renzi a pris le risque d'un affrontement politique susceptible de remettre en question les réformes électorales et constitutionnelles pour lesquelles il a besoin du soutien de la droite.

INTRIGUES

Plus de la moitié des grands électeurs, parlementaires et représentants des régions, ont voté blanc au premier tour.

Matteo Renzi espère que son candidat sera élu samedi grâce au soutien du PD et de ses alliés de centre gauche.

Sur le papier, il devrait avoir suffisamment de voix pour imposer Mattarella mais le vote se déroule à bulletin secret et rien ne peut être garanti dans un climat d'intrigues qui n'a rien à envier à celui des conclaves au Vatican, de l'autre côté du Tibre.

Si le chef du gouvernement n'arrive pas à faire élire son champion au quatrième ou au cinquième tour, ce serait un grave revers mettant en cause son autorité, et qui pourrait aussi menacer l'accord conclu avec Silvio Berlusconi sur les réformes électorales et constitutionnelles.

Sergio Mattarella, dont le frère a été assassiné par la mafia sicilienne en 1980, a commencé sa carrière politique à la Démocratie chrétienne.

La décision de Renzi de le choisir comme candidat au Quirinal satisfait l'aile gauche du Parti démocrate, hostile à l'accord conclu entre le président du Conseil et Silvio Berlusconi sur la réforme électorale.

Le candidat arrivé en tête jeudi, avec 120 voix, a été Ferdinando Imposimato, un haut magistrat présenté par le Mouvement 5 Etoiles (M5S) de Beppe Grillo.

Agé de 89 ans, Giorgio Napolitano a annoncé le 14 janvier qu'il n'irait pas au bout de son deuxième mandat. Dans ses voeux au pays le 31 décembre, il a expliqué que son âge rendait de plus en plus difficile l'exercice de ses fonctions.

Même si ses fonctions sont principalement honorifiques, le président de la République italienne nomme le président du Conseil, peut dissoudre le Parlement et peut opposer son veto à certains textes de loi. (Avec Giselda Vagnoni, Roberto Landucci et Isla Binnie; Nicolas Delame, Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)