(Actualisé avec communiqué des ministres, précisions)

BRUXELLES, 1er décembre (Reuters) - Les pays membres de l'Otan comptent fournir prochainement de nouveaux avions, navires et missiles à la Turquie afin d'aider Ankara à renforcer la sécurité à sa frontière avec la Syrie, ont fait savoir mardi des responsables de l'Alliance atlantique.

Cette mesure vise notamment à rassurer la Turquie face aux incursions de l'aviation russe dans son espace aérien, dit-on de sources diplomatiques.

Le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, qui a dit attendre une décision sur cette aide dans les prochaines semaines, a toutefois tenu à souligner qu'elle était sans rapport avec la destruction en vol, le 24 novembre, d'un Soukhoï russe par la chasse turque à la frontière syrienne.

Ankara accuse l'avion d'avoir enfreint son espace aérien, ce que conteste Moscou qui a mis en place des sanctions économiques contre la Turquie.

Dans un communiqué diffusé mardi soir, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Alliance réunis à Bruxelles jugent "hautement instable" la situation à la frontière turco-syrienne et s'engagent à renforcer les défenses antiaériennes turques.

"Nous sommes déterminés (...) à développer encore des 'mesures d'assurance' supplémentaires", disent-ils.

L'Allemagne et les Etats-Unis ont retiré en août leurs batteries de missiles Patriot déployées en janvier 2013 en Turquie à la suite de la destruction d'un avion turc par les forces syriennes en juin 2012. Les Pays-Bas, qui participaient également à cette mission, y ont mis fin cette année.

Cette décision a été prise après réévaluation de la menace liée au conflit en Syrie. Seule l'Espagne a aujourd'hui une batterie de Patriot en Turquie.

Selon des diplomates, les pays membres devraient déployer plus de navires de guerre en Méditerranée orientale, plus d'avions de combat sur la base aérienne d'Incirlik et plus de batteries de missiles antiaériens en territoire turc.

Plusieurs ministres présents à Bruxelles ont toutefois souligné que ces mesures devaient aider à rassurer Ankara et à faire retomber les tensions entre la Turquie et la Russie.

Les chefs de la diplomatie allemande et néerlandaise ont ainsi souhaité que des contacts soient renoués entre militaires et l'Alliance et de la Russie pour éviter à l'avenir ce genre d'incidents "très risqués", selon les termes du ministre néerlandais Bert Koenders.

Les contacts militaires entre Moscou et l'Otan ont été suspendus en avril 2014 après l'annexion de la Crimée par la Russie.

A Washington, le chef du Pentagone Ashton Carter a de son côté appelé mardi la Turquie à s'impliquer davantage dans les opérations aériennes et terrestres contre le groupe Etat islamique (EI), à renforcer la sécurité à sa frontière et à pourchasser les intermédiaires de l'EI qui s'introduisent en territoire turc. (Robin Emmott, Sabine Siebold, Arshad Mohammed; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)