(actualisé avec Sigmar Gabriel)

BRUXELLES, 28 janvier (Reuters) - L'Union européenne va prolonger jusqu'à la fin de l'année les sanctions imposées en mars dernier à des dizaines de personnalités russes et ukrainiennes en riposte à l'annexion de la Crimée, élargir sa liste des personnalités visées et préparer de nouvelles mesures en réaction à l'intensification des combats dans l'est de l'Ukraine, selon un projet de déclaration.

Ce texte doit être validé jeudi à Bruxelles lors d'une réunion convoquée en urgence des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Huit.

Initialement, le projet de déclaration parlait d'une prorogation des sanctions seulement jusqu'en septembre, mais à la suite de nouvelles discussions, l'UE s'est accordée sur décembre.

A la veille de cette prorogation annoncée, le nouveau ministre grec de l'Energie, Panagiotis Lafazanis, a déclaré que son pays était hostile aux sanctions contre la Russie.

"Nous sommes contre l'embargo qui a été imposé à la Russie. La Grèce n'a aucun intérêt à imposer des sanctions à la Russie. Nous n'avons aucune divergence avec la Russie et avec le peuple russe", a dit ce ministre, chef de file de l'aile gauche de Syriza, à l'agence de presse grecque ANA.

Le nouveau ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Kotzias, n'a jusqu'à présent pas dit si Athènes tenterait de fait de bloquer la prorogation des sanctions jeudi.

BERLIN NE VEUT PAS DE PRECIPITATION

L'UE réfléchit dans le même temps à de nouvelles sanctions contre la Russie qui pourraient englober de nouvelles restrictions d'accès aux marchés des capitaux. Il serait ainsi plus difficile aux entreprises russes de se refinancer, et l'accès de la Russie aux technologies de pointe dans les secteurs pétrolier et gazier pourrait aussi être limité.

Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-huit devraient demander jeudi à la Commission européenne de préparer un nouveau train de sanctions du fait du rôle de Moscou dans l'est de l'Ukraine. Selon certains responsables européens, ces mesures pourraient cependant n'être adoptées par les dirigeants de l'UE qu'à la fin mars.

Le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, également ministre de l'Economie, a souligné mercredi que l'UE ne devait pas aller trop vite en besogne.

"Le gouvernement allemand n'est pas persuadé qu'il faille décider rapidement de nouvelles sanctions", a-t-il dit dans une interview à la chaîne de télévision publique ZDF. Toutefois, si les séparatistes pro-russes réussissaient à opérer la jonction avec la Crimée annexée à la Russie, l'UE ne pourrait pas rester les bras croisés, a-t-il ajouté.

Le projet de déclaration des ministres des Affaires étrangères fait état de preuves d'une responsabilité russe dans l'aggravation des combats entre l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine.

Il appelle la Russie à mettre en oeuvre le Protocole de Minsk, un plan de sortie de crise signé début septembre dans la capitale biélorusse, qui prévoit notamment un arrêt immédiat des combats. (Francesco Guarascio; Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français)