Van Rompuy a précisé que la Commission européenne présenterait d'ici le mois de juin un projet visant à renforcer la sécurité énergétique des Vingt-Huit.

Les pistes envisagées lors des discussions de vendredi concernent une baisse de la consommation et une diversification des sources d'approvisionnement.

Herman Van Rompuy a ajouté que les Etats membres obéiraient à une règle de solidarité en cas de rupture dans l'approvisionnement de l'un d'entre eux.

"Nous sommes déterminés à réduire notre dépendance énergétique", a-t-il dit devant la presse. "L'Europe a été construite à l'origine comme une communauté du charbon et de l'acier. Soixante-quatre ans plus tard, il est clair que nous devons évoluer vers une union énergétique."

Actuellement, l'Union européenne doit se reposer sur la Russie pour près d'un tiers de son approvisionnement en gaz, versant au groupe monopolistique russe Gazprom cinq milliards de dollars de revenus en moyenne chaque mois. Environ 40% de ce gaz destiné à l'UE transitent par l'Ukraine.

Lors du Conseil européen, le Premier ministre britannique David Cameron a cependant affirmé que la Russie était plus dépendante de l'Europe que l'Europe de la Russie. "Il faut se rappeler que la moitié environ des revenus de Gazprom provient d'Europe (...) La Russie a plus besoin de l'Europe que l'Europe a besoin de la Russie."

La chancelière Angela Merkel a pour sa part évoqué l'option du gaz de schiste pour diversifier les sources d'approvisionnement, à condition que les Etats-Unis se dotent des infrastructures nécessaires pour en assurer l'exportation.

POUTINE AU SECOURS DE LA BANQUE ROSSIYA

La fourniture de gaz russe à l'UE a été au centre de deux crises en 2006 et 2009, lorsque Moscou a suspendu les livraisons à l'Ukraine pour défaut de paiement. Ces incidents ont poussé les recherches en Europe sur des sources d'approvisionnement alternatives mais les contrats avec la Russie ont toujours été honorés.

Pour certains responsables européens, toutefois, la crise ukrainienne a rebattu les cartes en démontrant que la Russie n'est plus, selon eux, un partenaire fiable.

A Moscou, au lendemain des sanctions annoncées par le président américain Barack Obama après l'annexion de la Crimée par la Russie, Vladimir Poutine s'est engagé à soutenir la banque Rossiya visée par les mesures de rétorsion. De nombreux clients de la banque Rossiya appartiennent au secteur de l'énergie, notamment des sociétés dépendant de Gazprom.

Le président Poutine a ordonné à la banque centrale russe d'aider Rossiya. "Je crois comprendre que c'est une banque de taille moyenne. Je n'y ai pas de compte personnel mais je vais certainement en ouvrir un lundi", a-t-il dit lors d'une réunion de son Conseil de sécurité.

Il a ensuite annoncé que son salaire serait désormais viré sur un compte à la banque Rossiya.

La banque centrale russe a affirmé que les sanctions américaines n'auraient pas de grandes conséquences pour la stabilité de la banque Rossiya, tout en se disant prête "si nécessaire" à prendre les mesures appropriées pour la défendre.

La banque Rossiya est le 15e établissement bancaire de Russie avec dix milliards de dollars d'actifs. Son principal actionnaire est Iouri Kovaltchouk, avec 40,3% des parts. Ce proche conseiller de Poutine est également visé par les sanctions décidées par Washington - gel des avoirs aux Etats-Unis et interdiction d'entrée en territoire américain.

(Avec Jan Strupczewski; Pierre Sérisier et Guy Kerivel pour le service français)

par Barbara Lewis et Robin Emmott