BRUXELLES, 21 décembre (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) doit commencer à racheter des obligations souveraines pour restaurer la confiance des investisseurs et éloigner le spectre de la déflation dans la zone euro, déclare Luc Coene, membre du conseils des gouverneurs de la BCE.

Dans un entretien publié samedi par le journal La Libre Belgique, celui qui est également gouverneur de la Banque nationale de Belgique estime que la BCE a déjà attendu trop longtemps pour adopter ce type de mesure, vivement contesté par l'Allemagne.

"Dans ce contexte, le rachat d'obligations souveraines pourrait se révéler un outil efficace", dit-il.

"Depuis le début de 2014, nous avons systématiquement sous-estimé les effets déflationnistes (...) Si nous devions nous retrouver au début de l'année prochaine avec une inflation négative et une entrée dans une spirale déflationniste, cela aurait un effet très négatif sur le comportement des ménages et des entreprises", souligne Luc Coene.

Le taux d'inflation annuel de la zone euro a ralenti à 0,3 % en novembre avec la baisse des prix des carburants, du fioul domestique et des télécommunications, loin de l'objectif fixé par la BCE, à savoir un taux d'inflation inférieur à mais proche de 2%.

S'exprimant dans les pages du magazine allemand WirtschaftsWoche, le vice-président de la BCE, Vitor Constancio, a dit que le taux d'inflation en zone euro devrait devenir négatif au cours des prochains mois, notant toutefois qu'il s'agirait d'un phénomène temporaire.

La BCE réévaluera au début de l'an prochain l'impact des mesures de soutien mises en oeuvre dans le cadre de sa politique monétaire et elle prendra si nécessaire des initiatives supplémentaires, a déclaré jeudi son président Mario Draghi au début du mois.

Une "écrasante majorité" des gouverneurs de la BCE a soutenu, lors de la dernière réunion de politique monétaire, l'idée d'un programme de rachat de dette souveraine, soit de l'assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE), a déclaré il y a près de deux semaines Jozef Makuch, membre du Conseil des gouverneurs.

La BCE sera amenée à acheter de la dette souveraine dès le début de l'année 2015 en raison des inquiétudes croissantes sur l'apparition d'une spirale déflationniste dans la zone euro avec la chute des cours du pétrole, a montré une enquête Reuters publiée le 10 décembre.

Des responsables de la BCE étudient différents moyens permettant de faire supporter aux pays les plus faibles de la zone euro une part plus importante du coût et du risque d'éventuelles nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif (QE), a-t-on appris il y a deux jours de sources proches du dossier.

Plusieurs responsables qui ont requis l'anonymat ont déclaré à Reuters que la BCE pourrait ainsi demander aux banques centrales de pays comme la Grèce et le Portugal de constituer des réserves ou des provisions supplémentaires pour couvrir les pertes potentielles liées à des achats de dettes, en prenant en compte le risque associé à leurs obligations.

Une telle disposition pourrait contribuer à convaincre l'Allemagne, jusqu'à présent très réticente, d'apporter son soutien à un plan prévoyant des achats de dette publique. (Julia Fioretti, Benoit Van Overstraeten pour le service français)