* Allocation des nouveaux prêts, ou TLTRO, prévue jeudi

* La BCE vise à encourager le crédit aux entreprises

* Selon une enquête Reuters, E133 mds seront tirés jeudi

* La BCE veut augmenter la taille de son bilan avec le TLTRO

* Le projet d'achats d'ABS/obligations sécurisées en renfort

par Paul Carrel

FRANCFORT, 16 septembre (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a invité les banques mardi à se porter candidates aux nouveaux prêts à long terme, qui visent à encourager le crédit aux entreprises et relancer la croissance en zone euro, mais qui risquent de remporter un succès modéré.

Ce programme TLTRO (Targeted Long-Term Refinancing Operations) est un élément clé de l'action de la BCE pour écarter la menace de déflation et ressusciter l'économie de la zone euro qui a stagné au deuxième trimestre, avec une inflation à 0,3%, loin de l'objectif de la BCE juste sous la barre des 2%.

La BCE annoncera jeudi à 09h15 GMT le montant des prêts alloués aux banques dans le cadre de ce nouveau programme TLTRO, alors qu'elle arrive au bout de son précédent programme de prêts à trois ans, dit LTRO, qui a été lancé fin 2011 et début 2012.

Le nouveau programme TLTRO offre lui aussi des prêts à long terme avec des taux d'intérêt proches de zéro, mais ceux-ci seront assortis d'une obligation d'émission de crédits, essentiellement pour les entreprises de plus petite taille, qui sont l'un des piliers de l'économie de la zone euro.

Mais les analystes doutent qu'il relance l'octroi de crédit.

"Quelque soit la quantité de liquidité distribuée aux banques, elles ne prêteront pas", dit Fabio Ianno, spécialiste du secteur bancaire pour l'agence de notation Fitch.

Fitch estime que la fragilité de nombreuses entreprises du sud de l'Europe et la faiblesse de la demande n'incitent pas les banquiers à proposer des prêts dans la région.

COUP D'ENVOI

Le président de la BCE Mario Draghi a déclaré ce mois-ci qu'il souhaitait que les TLTRO, ainsi que son projet de rachats d'actifs, entraînent un gonflement du bilan de la banque centrale pour le porter à ses niveaux de début 2012, soit un maximum de 1.000 milliards d'euros de plus par rapport à son niveau actuel.

"Si le nerf de la guerre est un gonflement de bilan, je doute que l'on obtienne grand chose", commente Richard Barwell, économiste chez RBS concernant le première opération TLTRO.

L'adjudication de cette semaine est le coup d'envoi.

Dans le cadre du programme, les banques peuvent emprunter jusqu'à 400 milliards d'euros lors des adjudications de cette semaine et de décembre, avec une petite prime par rapport aux opérations régulières de financement de la BCE. Elles ont la possibilité de demander de nouveaux prêts jusqu'à mi-2016.

Selon une enquête auprès de 20 opérateurs sur le marché monétaire, les banques devraient demander les trois quarts du montant offert, soit 133 milliards d'euros jeudi, puis 200 milliards à l'appel d'offres du 11 décembre.

"Cela ne devrait pas avoir un gros impact sur le bilan, ce qui renforce la pression sur le programme (de rachats d'actifs) annoncé par Draghi au début du mois", note Richard Barwell.

La BCE a annoncé un projet de rachat de titres adossés à des actifs (ABS) et d'obligations sécurisées pour contribuer à assouplir les conditions de crédit dans la zone euro.

Dans le cadre du TLTRO, les banques qui ont une situation de crédit net positive entre avril de cette année et la mise en place du nouveau programme de financement peuvent emprunter jusqu'à trois fois leur nouveau solde net et garder l'argent jusqu'en 2018, du moment qu'elle font mieux en termes d'émission de crédits qu'un certain niveau de référence qui leur a été fixé.

Le programme n'indique pas toutefois que les banques doivent consacrer la totalité des prêts de la BCE à de nouveaux crédits. (Avec John O'Donnell, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)