La BCE a décidé par ailleurs lors d'une réunion de son conseil des gouverneurs à Naples de laisser ses taux d'intérêt inchangés. Elle a prévenu que ces taux, ramenés le mois dernier à des niveaux historiquement bas et même négatif pour l'un d'entre eux, ne baisseraient pas davantage.

Le taux de refinancement reste ainsi fixé à 0,05%, le taux de la facilité de prêt marginal à 0,30% et celui de la facilité de dépôt à -0,20%.

Le président de la BCE, Mario Draghi, a donc fait savoir que l'institut d'émission commencerait mi-octobre à racheter aux banques des obligations sécurisées.

Le programme de rachat de prêts titrisés (asset-backed securities, ou ABS) sera lancé pour sa part au cours du dernier trimestre 2014, a-t-il ajouté sans plus de précision.

Il concernera, sous certaines conditions, la Grèce et Chypre, les deux pays de la zone euro dont la note souveraine est pourtant notée en catégorie spéculative ("junk").

"Nous voulons être aussi inclusif que possible, mais avec prudence", a dit Mario Draghi avant de préciser que la dérogation bénéficiant à la Grèce et à Chypre serait assortie de conditions.

La BCE espère que ces nouveaux programmes, qui dureront au moins deux ans, aideront à relancer le crédit au secteur privé dans la zone euro, en particulier à destination des petites et moyennes entreprises.

Ces mesures s'ajouteront au programme déjà enclenché d'opérations de refinancement à long terme ciblées (TLTRO), dont la première tranche, lancée le mois dernier, a suscité peu d'engouement auprès des banques.

Le marché total des obligations sécurisées et des ABS concerné par les achats de la BCE représente jusqu'à 1.000 milliards d'euros, a précisé Mario Draghi. Des professionnels du marché monétaire interrogés par Reuters estiment en moyenne que la banque centrale pourrait racheter 200 milliards d'euros d'obligations sécurisées et d'ABS sur un an.

DE NOUVELLES MESURES PAS EXCLUES

En injectant massivement des liquidités dans l'économie, la BCE espère non seulement relancer le crédit mais aussi lutter contre le risque déflationniste.

L'inflation dans la zone euro a ralenti à 0,3% en rythme annuel en septembre, s'éloignant davantage de l'objectif de la BCE d'un taux légèrement inférieur à 2%.

"Toutes nos mesures contribueront, par leur action sur l'économie, a ramener l'inflation à des taux plus proches de nos objectifs", a dit Mario Draghi.

Le président de la BCE a cependant implicitement reconnu que ce train de mesures pourrait ne pas suffire en évoquant la possibilité de recourir à d'autres outils non conventionnels si l'inflation refusait obstinément de décoller.

"Si cela devait s'avérer nécessaire pour traiter les risques d'une période trop prolongée de faible inflation, le conseil des gouverneurs est unanime dans son engagement à utiliser des instruments non conventionnels supplémentaires dans le cadre de son mandat", a dit Mario Draghi.

Certains sur les marchés voudraient voir la BCE aller plus loin en se lançant dans une politique d'assouplissement quantitatif à l'anglo-saxonne, autrement dit un programme de rachat de dette souveraine.

Les décisions prises jeudi et les détails donnés sur les programmes à venir ont été pour cette raison mal accueillis par les Bourses européennes, qui ont accentué leurs pertes avec un recul particulièrement net pour Paris.

Le fait que Mario Draghi ne dise rien qui puisse suggérer l'imminence d'un programme de rachat de dette souveraine a en revanche profité à l'euro, qui a progressé face au dollar, et aux obligations d'Etat des pays partageant la monnaie unique européenne.

(avc John O'Donnell et Paul Taylor; Patrick Vignal pour le service français, édité par Marc Angrand)

par Gavin Jones