La Banque centrale européenne (BCE) n'envisage pas, pour l'heure, d'inclure un programme de rachat d'emprunts d'Etat à ses mesures d'assouplissement monétaire, a affirmé Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, lors d'un entretien publié samedi par l'hebdomadaire allemand Wirtschaftswoche.

"Nous n'avons pas prévu d'assouplissement quantitatif - nous attendons d'abord de voir quels seront les résultats de nos mesures de politique monétaire annoncées en juin et en septembre", a expliqué Christian Noyer, qui est également gouverneur de la Banque de France.

La BCE a annoncé en juin deux opérations ciblées de refinancement à quatre ans, ou TLTRO. Elle a ensuite abaissé en septembre ses taux d'intérêt et annoncé un programme d'achat d'actifs du secteur privé. Le président de la banque centrale, Mario Draghi, avait alors laissé entendre que des mesures d'assouplissement quantitatif restaient possibles.

"Nous verrons les résultats définitifs dans environ 18 mois, même si nous devrions commencer à en constater les premiers effets un peu plus tôt", a expliqué Christian Noyer.

Dans cet entretien, le gouverneur de la Banque de France a également exprimé quelques critiques à l'encontre du nouveau système de rotation des droits de vote au sein de la BCE, qui entrera en vigueur en janvier 2015, avec l'arrivée de la Lituanie dans l'union monétaire.

Ce système de rotation, présentée la semaine dernière, scinde en deux groupes les gouverneurs des banques centrales nationales de la zone euro, l'un constitué des grands pays et l'autre des plus petits. A chaque réunion, un membre du groupe formé des cinq pays les plus grands - l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne et les Pays-Bas - ne votera pas, tandis que trois membres du groupe restant constitué de quatorze gouverneurs s'abstiendront.

Après l'Espagne, la France sera le prochain grand pays à renoncer à son droit de vote dans le cadre de ce système de rotation.

Les six membres du directoire de la BCE, basé à Francfort, disposent d'un droit de vote permanent.

Pour Christian Noyer, le fait que, tous les cinq mois, certains des plus grands pays de la zone euro, comme l'Allemagne, soient privés de leur droit de vote est une erreur.

"L'Allemagne, surtout, est affectée par toute décision prise par la BCE, dans la mesure où elle représente près de 30% de l'économie de la zone euro, [et] pour la France, cela représente environ 20%", a ajouté le banquier central.

-Natalia Drozdiak, Dow Jones Newswires (Version française Emilie Palvadeau)