Même si elle injectera mensuellement 20 milliards d’euros de moins à partir du mois d’avril prochain, la Banque centrale européenne surpasse les attentes des économistes en augmentant son programme de rachats d’actifs à hauteur de 540 milliards, contre un montant attendu de 480 milliards.

Tout en réduisant les montants injectés d’un quart dès le printemps prochain, lesquels passeront de 80 à 60 milliards mensuels, l’autorité monétaire de Francfort va en effet étendre son QE jusqu’en fin d’année prochaine, soit pour neuf mois supplémentaires (9x60mds), contre six mois espérés par les marchés (6x80mds).

Bien que certains observateurs se soient empressés de faire référence à la récente réduction progressive des rachats d’actifs de la Réserve Fédérale, Mario Draghi l’a lui-même confirmé : « Le tapering n’a pas été débattu aujourd’hui ». Au contraire, alors que l’économiste italien évoque une démarche « pragmatique et flexible », l’institut monétaire va même étendre les conditions d’éligibilité au programme dès janvier 2017 vers des obligations à plus court terme et à rendement plus faibles tandis que la durée et les montants pourront encore être accrus si nécessaire.

Ne nous trompons pas, même si elle ne peut plus vraiment agir sur ses taux, la BCE vient donc bel et bien d’accroître un peu plus son soutien à l’économie européenne, après avoir déjà inondé les marchés de plus de 1400 milliards depuis mars 2015. L’institution souhaite ainsi répondre à la fois à une inflation faible, qu’elle ne voit pas rejoindre sa cible (proche mais inférieur à 2%) avant au moins 2020 (1.7% en 2019 selon ses prévisions), et aux incertitudes liées au élections prévues dans plusieurs économies majeures de l’Union monétaire en 2017, notamment en France et en Allemagne.

Interrogé sur la crise bancaire et politique qui secoue actuellement l’Italie, le président de la BCE s’est par ailleurs montré confiant quant à la capacité du gouvernement transalpin à trouver des solutions, notamment concernant le sauvetage de Banca Monte dei Paschi di Siena, la troisième banque de la péninsule.

Techniquement, après que le seuil majeur de 1.0873 a parfaitement joué son rôle de résistance, l’Euro repart donc à la baisse et semble à nouveau enclin à tester son support de moyen terme à 1.0542. Si celui-ci n’était pas préservé en clôture quotidienne, cela ouvrirait la voie à une potentielle accélération baissière vers un cours de parité.