Patrick Aussannaire,

L'Agefi

PARIS (Agefi-Dow Jones)--A l'attaque de sa réunion qui promet d'être la plus importante depuis l'annonce de son programme de rachats d'obligations d'Etat en 2014, un consensus semble se dessiner sur la manière dont la Banque centrale européenne (BCE) va gérer l'extinction progressive de son programme d'assouplissement quantitatif (QE).

Son annonce jeudi ne fait désormais plus aucun doute parmi les observateurs. "Les conditions économiques qui prévalent en zone euro supportent une diminution des achats. La confiance des consommateurs est au plus haut, le taux d'utilisation des capacités est supérieur à sa moyenne, la croissance suffit à faire refluer le chômage, l'agrégat monétaire M1 pointe toujours à la hausse, et le crédit au secteur privé affiche sa plus forte croissance depuis 2009, et les indicateurs avancés enfin ne laissent pas augurer de catastrophe imminente", explique ainsi Natixis.

Seules la durée et l'ampleur du ralentissement restent à déterminer. Le débat a été posé récemment par le chef économiste de la BCE Peter Praet, entre un ralentissement fort pour une durée raccourcie, ou une baisse plus modeste mais plus longue, dès 2018. La BCE devra intégrer dans son équation la raréfaction des titres éligibles.

"Avec la fin programmée du QE, la clé de répartition reste le facteur contraignant pour la BCE. Une fin en septembre 2018 suggère un univers de 250 milliards d'euros (60 milliards en Allemagne) éligible hors nouvelles émissions. Les difficultés croissantes des investisseurs à céder leurs actifs sûrs et liquides du fait des contraintes réglementaires, et la réduction de l'univers éligible liée à une remontée des taux militent pour une gestion prudente de la BCE", estime SG CIB.

En outre, le stock total de titres détenus par la BCE se montait à 2.105 milliards d'euros fin septembre et pourrait atteindre environ 2.286 milliards (20,4% du PIB) à la fin de l'année. Les rumeurs d'un plafond cible pour la BCE à 2.500 milliards impliqueraient des achats de 24 milliards sur 9 mois ou 36 milliards sur 6 mois, soit 214 milliards d'achats nets supplémentaires en 2018.

Compte tenu de la faiblesse de l'inflation, Mario Draghi a été très clair: les taux resteront à leur niveau actuel "bien après" la fin du QE pour éviter toute tension sur les rendements et sur l'euro, qui constitueraient un durcissement des conditions financières en zone euro.

Les taux n'ont montré aucun signe de nervosité avant la réunion de la BCE, qui pourra réinvestir 15 milliards d'euros de titres arrivant à maturité chaque mois en 2018.

-Patrick Aussannaire, L'Agefi ed: ECH

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