LONDRES, 21 mai (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi qu'elle ne donnerait plus de copies de ses discours sous embargo aux journalistes, une information donnée à des "hedge funds" cette semaine par un de ses responsables ayant déclenché un tollé.

Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, a prononcé un discours lors d'un dîner à huis clos, organisé pour des gérants de fonds, des banquiers et des universitaires à Londres lundi, qui annonçait que la banque allait accélérer son plan de rachats d'obligations afin d'anticiper les liquidités moins abondantes sur les marchés en juillet et en août.

Ces déclarations ont dopé les actions et les obligations et pesé sur l'euro lorsque le discours à été rendu public mardi.

L'euro avait déjà perdu du terrain au moment où le discours a été prononcé et la BCE a été critiquée par des politiciens et intervenants de marché pour avoir peut-être donné un avantage aux invités de ce dîner, qui comptait des fonds spéculatifs comme Brevan Howard ou des banques comme Citi et Goldman Sachs.

L'événement n'était pas ouvert aux médias. Environ l3 heures après le discours, des organes de presse en ont reçu une copie sous embargo pour une durée d'une heure, jusqu'au moment où la BCE l'a publié sur son site à l'ouverture des marchés européens.

Cette décision d'arrêter de donner des discours à l'avance sous embargo, un système qui est pratiqué par la plupart des banques centrales dans le monde, était inattendue.

Le porte-parole de la BCE a dit que la décision s'inscrivait dans le cadre d'un "renforcement des procédures" après ce qui s'était passé lundi même si cela avait déjà été envisagé avant.

L'interdiction ne s'appliquera pas aux statistiques publiées par la banque centrale et ne concernera pas ses décisions en matière de taux d'intérêt qui sont annoncées lors de téléconférence, bien que ce procédé soit également à l'étude et pourrait être remplacé à terme par un système automatisé.

Les banques centrales fournissent aux journalistes des discours avant qu'ils ne soient prononcés afin qu'ils puissent être rapportés au moment où ils sont prononcés, ce qui limite les chances que certains investisseurs puissent intervenir sur le marché sur la base d'informations privilégiées. (Marc Jones; Juliette Rouillon pour le service français, édité par Patrick Vignal)