Zurich (awp) - La Banque nationale suisse (BNS) ne devrait pas relever ses taux directeurs au plus tôt avant fin 2018, préférant attendre un resserrement de politique monétaire par ses puissants homologues de Francfort et Washington, ont estimé mardi les économistes de Credit Suisse. La réduction de l'important bilan de l'institut d'émission helvétique n'est pas non plus à l'ordre du jour, car il pourrait envoyer des signaux négatifs aux marchés et relancer l'appréciation du franc.

"La situation s'est détendue pour la BNS" depuis la présidentielle française et l'affaiblissement de la devise helvétique, a commenté Oliver Adler, économiste en chef de Credit Suisse lors d'une conférence de presse. "Cela lui a même permis d'admettre que le franc n'est plus aussi surévalué", a-t-il ajouté en référence au changement de rhétorique de l'institut d'émission.

Jeudi dernier, la BNS avait en effet déclaré que "le franc se maintient à un niveau élevé", un changement par rapport aux précédentes déclarations qui se cantonnaient à répéter que "le franc reste nettement surévalué". De fait, la monnaie nationale s'est nettement relâchée par rapport à l'euro, principale monnaie de facturation des exportateurs suisses.

Mardi midi, la paire de devises a même franchi la barre des 1,15 EUR/CHF pour s'échanger autour de 1,1543. Ce niveau ne devrait cependant pas perdurer, selon M. Adler.

Nonobstant le relâchement sur le front des devises, la BNS ne devrait pas de sitôt réduire son gigantesque bilan, à plus de 746,5 mrd CHF dont 696,1 mrd en placements de devises fin 2016, la vente massive de francs suisses pouvant s'avérer contreproductive sur le marché des changes, a poursuivi l'économiste.

ÉCHAPPER AUX TAUX NÉGATIFS

"La BNS préférera relever les taux d'intérêt avant d'envisager de réduire ses réserves de devises", échappant ainsi "au piège des taux d'intérêt négatifs", a précisé la banque dans sa publication Moniteur Suisse.

De fait, un mouvement sur les taux n'est pas attendu avant 12 à 18 mois, bien après un resserrement de politique monétaire par la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE), a souligné M. Adler.

La banque centrale américaine devrait ainsi laisser ses taux d'intérêt inchangés mercredi à l'issue d'une réunion monétaire de deux jours, mais devrait annoncer une réduction de son bilan. Deux à trois nouvelles hausses des taux sont attendues en 2018 par les spécialistes de Credit Suisse.

Quant à la BCE, elle devrait commencer progressivement à mettre fin à son programme de rachat de dette dès début 2018. Une hausse des taux n'est pas attendue avant 2019.

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