Un renforcement de cette classe d’actif consécutif à la suppression du taux plancher imposé par la BNS
Evolution des réserves de devises suisse depuis 2011 en données mensuelles
Rien qu’en 2016, l’augmentation est estimée à près de 56 milliards de CHF représentant un gonflement de 10% des réserves de monnaie avec +4.9 milliards de CHF en mars, +11 milliards de CHF en avril, + 14 milliards de CHF en mai, +6.7 milliards de CHF en juin. Dans le détail, c’est un rythme d’acquisition de monnaies étrangères de l’ordre de 40 milliards de francs suisses par semestre depuis début 2015.
Pourquoi ces interventions ?
Sans que l’on puisse réellement connaître ou planifier un calendrier d’intervention de la BNS sur le marché des devises, nous savons en revanche que ces réserves sont constituées pour près de 40% par de l’euro et près de 50% par du dollar américain. Dès lors, la fluctuation de ces monnaies de références joue sur la « cagnotte » en milliards de francs que détient la BNS.
Cette augmentation actuelle est la preuve de la politique très interventionniste de la BNS sur le marché des changes afin de continuer d’affaiblir sa monnaie nationale. Cette hausse des réserves est de facto corrélée à l’évolution de la monnaie helvétique. En effet, à titre d'exemple, la décision surprise de supprimer ce taux plancher (1,2 franc suisse pour 1 euro) a provoqué l’envolée du swissie (+30% quelques heures après l’annonce).
Variation du franc suisse face à l’euro lors de l’annonce de la BNS en janvier 2015 (données hebdomadaires)
Son intervention sur le marché des devises à coup de milliards s’explique pour une raison simple finalement : L’objectif est d’éviter un renforcement du franc face notamment à l’euro, car l’économie suisse étant fortement orientée vers l’exportation, cela nuirait nettement à l’économie suisse. Ainsi, récemment, le franc suisse en tant que valeur refuge par excellence a été particulièrement prisée des cambistes lors du Brexit faisant mécaniquement monter la monnaie. La BNS est intervenue sans s’en cacher pour relâcher la pression sur sa monnaie.
Cette tendance de « gonflement » par la Suisse de ses réserves de devises pourrait perdurer pour le second semestre 2016. En effet, selon le président de la Banque Nationale Suisse, Thomas Jordan, « l’institution se garde une marge de manœuvre certaine pour intervenir à nouveau sur le marché des devises ».