Moscou (awp/afp) - La Banque centrale russe (BCR) a annoncé vendredi relever son taux directeur de 13% à 15%. Il s'agit de la quatrième hausse consécutive en un peu plus de trois mois afin de contrer l'inflation et l'affaiblissement du rouble, qui reste en difficulté malgré les efforts de l'institut d'émission.

"Les pressions inflationnistes actuelles ont augmenté de manière significative pour atteindre un niveau supérieur aux attentes de la Banque de Russie", a indiqué la BCR dans un communiqué. "Par conséquent, il est nécessaire de resserrer davantage la politique monétaire", a-t-elle justifié, dans le but de "ramener" l'inflation, actuellement à +6%, vers "l'objectif (...) de 4% en 2024".

Cette hausse est plus importante qu'anticipée par les observateurs qui tablaient sur une augmentation à 14% du taux directeur. L'annonce intervient alors que les députés russes ont acté jeudi l'explosion des dépenses militaires fédérales en 2024 (+68% sur un an).

Or, chaque jour, le conflit en Ukraine pèse fortement sur les finances et l'économie russes. Sous l'effet des sanctions, l'affaiblissement du rouble ces derniers mois s'est ainsi accompagné d'un retour de l'inflation, faisant craindre à de nombreux Russes pour leur pouvoir d'achat.

En cause notamment, la baisse considérable des revenus liés à la vente des hydrocarbures, sous le poids des sanctions et de la détermination affichée des Européens à sortir de leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou. La BCR avait déjà relevé son taux directeur, une première fois en juillet (de 7,5% à 8,5%), puis mi-août, en urgence, à 12% face au dévissage du rouble, et enfin mi-septembre à 13%.

Mais cela n'a pas eu l'effet escompté: le rouble reste à un niveau faible face à l'euro et au dollar. Vendredi, il fallait 92,6 roubles pour obtenir un billet vert et 97,8 pour un euro, des niveaux presque aussi faibles que ceux de mars 2022, après le lancement de l'assaut russe en Ukraine.

Dans ce contexte maussade, la BCR avait déjà dit s'attendre à un ralentissement de la croissance au deuxième semestre 2023. Elle a toutefois noté vendredi "un développement plus rapide" qu'elle ne l'avait prévu en septembre. L'institution monétaire a également revu à la hausse ses prévisions d'inflation pour 2023, "entre 7 et 7,5%".

afp/vj