La récente accélération de l’inflation en République Tchèque change la donne pour la banque centrale alors que de nombreux investisseurs anticipent désormais un réajustement du prix de la monnaie locale.

Rappel des faits. Pour combattre le risque déflationniste, la Banque nationale tchèque (CNB) avait opté dès fin 2012 pour une politique de taux zéro, suivie un an plus tard par la mise en place d’un cours plancher face à l’Euro, à l’instar de son homologue suisse. Fixant le cours à 27 couronnes pour 1 euro, la manœuvre, initialement programmée pour s’étendre jusqu’au deuxième trimestre 2017, consiste à contrôler la vigueur de la devise tchèque afin de préserver la compétitivité du pays.

Mais pour la première fois en quatre ans, à la faveur d‘une forte accélération sur les deux derniers mois, la hausse des prix à la consommation vient d’atteindre l’objectif de l’institution, grimpant de +0.8% sur un an en octobre à +2% au mois de décembre. Le pays, membre de l’Union européenne, affiche par ailleurs le taux de chômage le plus faible des Vingt-huit (3.7%).

La CNB, qui aurait déjà créé une masse monétaire équivalente à 18,5 milliards d’euros pour défendre le seuil fixé en 2013, pourrait ainsi devoir redoubler d’efforts pour contrer les attaques des spéculateurs pariant sur un ajustement imminent de la Couronne tchèque.

En conséquence, même s’il est peu probable qu’elle s’aventure dans un fiasco similaire à celui que nous avons connu avec la Banque nationale suisse en janvier 2015, l’autorité monétaire devrait néanmoins être contrainte de réévaluer progressivement la valeur de sa monnaie d’ici le mois de juin, sous peine de voir à la fois son bilan drastiquement augmenter et l’inflation grimper en zone rouge.

Pour faciliter les choses et maintenir un semblant de pression baissière sur la devise tchèque, la scission entre la Couronne et l’Euro pourrait s’accompagner d’un référendum à la britannique, non exclu par le président Milos Zeman, sur l’appartenance de la République Tchèque à l’UE, dans une sorte de coopération entre le gouvernement et la banque centrale.

Techniquement, dans un tel contexte, les positions longues à proximité du plancher sont à bannir absolument, sans même évoquer l’incertitude qui entoure inévitablement l’exécution de stops de protection en-deçà de ce seuil. Parier sur un ajustement du plancher au premier semestre nous semble plus approprié, à condition de protéger ses positions contre une potentielle manipulation préalable et de s’assurer de bénéficier de frais de swaps quotidiens supportables sur cette parité dans l’hypothèse où l’annonce tarderait.