Paris (awp/afp) - Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a appelé lundi à agir pour "sortir du piège de la faible croissance" et prévenir le risque d'une "stagnation séculaire", en menant des réformes structurelles et en soutenant l'investissement.

Le risque d'un ralentissement durable de la croissance est "un sujet de préoccupation pour les banquiers centraux", a souligné M. de Galhau lors d'une conférence sur la "stagnation séculaire", tout en appelant à "être prudent" dans l'utilisation de ce concept.

"La très faible croissance et la très faible inflation menacent l'efficacité des outils de politique monétaire conventionnelle (...) Et au-delà des préoccupations des banques centrales, elles peuvent également perturber le fonctionnement de nos modèles sociaux", a ajouté le gouverneur.

Le concept de "stagnation séculaire", inventé par l'économiste Alvin Hansen en 1938, désigne une situation où la "croissance potentielle", c'est-à-dire la croissance atteinte lorsque les ressources sont pleinement mobilisées, est durablement atone. Ce qui est aujourd'hui le cas, selon certains économistes.

Pour François Villeroy de Galhau, le ralentissement économique observé dans nombre de pays industrialisés s'explique en partie par une sous-estimation de la croissance liée au développement des nouvelles technologies, qui rendent difficile la prise en compte de certaines activités, par exemple dans l'économie collaborative.

Mais "cela n'explique pas tout", a reconnu le gouverneur, qui attribue également ce phénomène à une "faible demande" liée au ralentissement démographique mais aussi "aux inégalités croissantes de revenus" - les ménages les plus aisés ayant une propension à épargner plus élevée que les ménages modestes.

Pour "sortir du piège de la faible croissance et prévenir le risque de stagnation séculaire", il faut "accélérer les réformes domestiques pour favoriser l'innovation", a ainsi assuré François Villeroy de Galhau, jugeant en outre nécessaire de "lutter contre la baisse persistante de l'investissement" au niveau européen.

"La croissance et l'emploi seront plus forts en Europe si nous combinons plus de réformes structurelles là où c'est nécessaire - comme en France et en Italie - et une politique fiscale ou salariale plus dynamique dans les pays qui en ont la possibilité - comme en Allemagne", a-t-il conclu.

afp/rp