Tokyo (awp/afp) - Alors que les autres grandes Banques centrales réduisent progressivement leurs programmes anti-crise, la Banque du Japon (BoJ) a maintenu mardi sa politique monétaire ultra-accommodante, prenant acte de la faiblesse persistante de l'inflation japonaise, dont elle a abaissé les prévisions.

La BoJ s'attend désormais à une inflation de 0,8% dans le pays sur l'exercice 2017/18, achevé le 31 mars 2018, contre 1,1% précédemment, et de 1,4% pour l'exercice suivant, contre 1,5% lors de sa précédente prévision en juillet, selon un communiqué.

Elle vise toujours une inflation de 2% à l'horizon 2019/20 au plus tôt, un objectif qu'elle a fixé avec le gouvernement du Premier ministre Shinzo Abe début 2013 et qu'elle juge nécessaire d'atteindre pour en finir avec la déflation qui mine l'économie japonaise depuis les années 1990.

L'indice des prix à la consommation, hors prix des denrées alimentaires périssables, "a continué de montrer une évolution relativement faible, en excluant la hausse des prix de l'énergie", a commenté la BoJ dans un communiqué.

En septembre, les prix à la consommation ont augmenté de 0,7% sur un an au Japon, mais de seulement 0,2% en excluant les prix de l'énergie, selon des données publiées vendredi, démontrant une nouvelle fois que l'inflation n'est toujours pas portée par une dynamique de hausse de la demande par rapport à l'offre.

Et la consommation des ménages nippons a rechuté par surprise en septembre (-0,3% sur un an), selon des données publiées mardi avant la décision de la BoJ, suggérant là encore que le chemin est encore loin avant de renouer avec une demande robuste.

Les foyers nippons restent extrêmement précautionneux et sont traditionnellement portés sur l'épargne, d'autant que le contexte géopolitique actuel, avec les menaces de la Corée du Nord, n'incite pas à l'insouciance.

- Optimisme pour la croissance -

Mais la BoJ peut aussi avoir des motifs de satisfaction: le taux de chômage au Japon est resté en septembre à son plus bas niveau depuis 1994 (2,8% de la population active), bien qu'il masque une précarisation grandissante du marché du travail.

Le pays connaît également sa plus longue période de croissance économique depuis 2005-2006: six trimestres d'affilée, une série toujours en cours. A terme, la BoJ compte précisément sur la croissance du Produit intérieur brut (PIB) pour tirer à la hausse les prix à la consommation, ainsi que les salaires.

Elle a d'ailleurs légèrement relevé sa prévision de croissance de l'économie japonaise pour l'exercice en cours à 1,9% contre 1,8% précédemment, tout en maintenant inchangée sa prévision de croissance pour l'exercice 2018/19 à 1,4%.

En matière de politique monétaire, la Banque du Japon a notamment reconduit, comme prévu, son massif programme de rachats obligataires, fixé à quelque 80.000 milliards de yens par an (plus de 600 milliards d'euros), en le modulant pour que le taux des obligations d'Etat à 10 ans se maintienne autour de 0%.

Elle a aussi maintenu un taux d'intérêt négatif, de 0,1%, pour inciter les banques japonaises à allouer des prêts aux entreprises et aux consommateurs plutôt que de déposer leurs liquidités dans ses coffres.

Etant donné la faiblesse persistante de l'inflation dans le pays, les économistes ne s'attendent pas à un changement de cap monétaire de la BoJ d'ici la fin du mandat de son gouverneur actuel, Haruhiko Kuroda, en avril prochain.

La Banque centrale européenne (BCE) a en revanche décidé jeudi dernier de diminuer en douceur son soutien à l'économie de la zone euro, au vu de ses meilleures perspectives de croissance, en réduisant de moitié son programme mensuel de rachats d'actifs, lancé en 2015.

La Réserve fédérale américaine (Fed), qui tient sa réunion mensuelle mardi et mercredi, a de son côté déjà nettement resserré sa politique monétaire: elle a relevé ses taux d'intérêt à trois reprises depuis l'élection de Donald Trump en novembre 2016 et a récemment décidé de cesser progressivement de réinvestir dans les bons du Trésor américain.

afp/al