(Actualisé avec réactions, précisions)

par Alastair Macdonald et Philip Blenkinsop

BRUXELLES, 23 octobre (Reuters) - L'Union européenne a donné à la Belgique jusqu'à lundi soir pour décider si elle soutient ou pas l'accord de libre-échange avec le Canada (CETA), sans quoi la cérémonie de signature, prévue jeudi prochain, sera annulée, a-t-on appris dimanche de source européenne.

Les 28 pays membres de l'UE soutiennent cet accord commercial transatlantique, mais la Belgique ne peut donner son feu vert sans avoir le soutien de ses cinq composantes fédérales. Or, le Parlement de la région belge francophone de Wallonie, a rejeté l'Accord économique et commercial global (CETA, selon son acronyme anglais) le 14 octobre dernier.

Le ministre-président de Wallonie, Paul Magnette, a déclaré samedi qu'il attendait de nouvelles propositions de la Commission européenne.

Les négociateurs de l'UE s'activent tous azimuts pour tenter d'apaiser les craintes de la Wallonie avant la date limite de lundi soir, fixée par le Premier ministre canadien Justin Trudeau pour décider s'il prend ou pas l'avion pour Bruxelles, dit-on de sources proches du dossier.

"La Commission travaille non stop pour trouver une solution", a twitté dimanche la commissaire européenne chargée du Commerce Cecilia Malmström. "Nous espérons désormais que la Belgique mènera cette affaire à bonne fin".

Paul Magnette a suggéré que le sommet Canada-Union européenne de jeudi soit reporté pour que les négociateurs puissent se donner plus de temps. "Un ultimatum n'est pas compatible avec l'exercice de la démocratie", a-t-il déclaré dimanche selon la radio-télévision belge, la RTBF.

Le Premier ministre belge Charles Michel doit rencontrer les régions belges lundi après-midi, toujours selon la RTBF.

Pour obtenir un soutien de la Wallonie, les négociateurs de l'UE proposent de modifier la déclaration politique annexée au projet de traité CETA, dit-on de source européenne.

La Commission européenne "comprend que la Belgique ait besoin d'un peu de temps", dit-on dans l'entourage de l'exécutif européen où l'on souhaite apparemment éviter de fixer une date limite susceptible de provoquer la colère des Wallons.

Certains dirigeants européens estiment que la Wallonie a voté non au CETA pour se donner une marge de manoeuvre en matière de politique intérieure belge. "Il s'agit avant tout d'une affaire interne à la Belgique", dit-on dans l'entourage de la Commission.

L'ancien Premier ministre belge et président du Parti socialiste wallon, Elio Di Rupo, un des principaux opposants au CETA, a estimé qu'il était peu probable que le traité soit signé la semaine prochaine.

"Il a fallu des années pour négocier le CETA et on nous refuse quelques semaines", a-t-il tweeté dimanche. "Parviendrons-nous à une solution ? Tout dépend du contenu. S'il ne change pas suffisamment, nous maintiendrons notre opposition."

Donald Tusk, le président du Conseil européen, s'entretiendra lundi soir avec Charles Michel, le Premier ministre belge, de façon à pouvoir dire au Premier ministre canadien, Justin Trudeau, s'il doit prendre la peine de se déplacer à Bruxelles, a-t-on dit.

"Si Michel dit qu'il n'est pas en mesure de confirmer que la Belgique pourrait signer jeudi, alors nous n'aurons pas de sommet", commente-t-on à Bruxelles. (Avec Alissa de Carbonel à Bruxelles et Joseph Nasr; Tangi Salaün et Danielle Roquuié pour le service français)