Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) devrait maintenir jeudi sa politique monétaire inchangée, après avoir dégainé le mois dernier une baisse de taux et une extension de ses rachats d'actifs, mais les observateurs seront à l'affût de tout commentaire sur les premiers effets de ses mesures.

À l'issue d'une réunion du Comité de politique monétaire (CPM) achevée le 14 septembre, la banque centrale britannique devrait annoncer jeudi qu'elle maintient à 0,25% son taux directeur, un nouveau plus bas historique auquel il a été abaissé en août après avoir stagné à 0,50% pendant près de sept ans et demi.

"Les minutes de la réunion d'août du CPM ont révélé que la majorité de ses (neuf) membres serait favorable à une nouvelle baisse du taux directeur si l'économie continue à évoluer conformément à ses attentes mais étant donné les récents bons indicateurs, il est presque certain que les taux vont rester inchangés ce mois-ci", a estimé Martin Beck, économiste en charge du Royaume-Uni chez Oxford Economics.

Début août, la Banque d'Angleterre avait décidé, en plus d'abaisser son principal taux d'intérêt, d'injecter davantage de liquidités dans l'économie, en augmentant de 60 milliards de livres (71 milliards d'euros) sur six mois son programme de rachats d'obligations d'État, dont le montant total passe désormais à 435 milliards de livres (518 milliards d'euros).

Ce programme avait été lancé en mars 2009 et relevé jusqu'à 375 milliards de livres, des fonds qui ont été injectés progressivement, jusqu'à novembre 2012.

La BoE a également lancé un nouveau programme d'achats d'obligations d'entreprises, pour un maximum de 10 milliards de livres, et ce sur 18 mois.

-Rebond encourageant de certains indicateurs-

Les indicateurs d'activité dans le secteur des services, de la production et de la construction en particulier "ont dans l'ensemble montré un rebond marqué en août après des données en juillet qui pointaient en direction d'une contraction nette", a expliqué Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

Les données avaient souffert en juillet des inquiétudes liées au vote des Britanniques en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE).

"Le rebond de certains indicateurs d'activité depuis un mois a conduit certains à ce demander si le CPM n'avait pas un peu trop devancé l'appel en mettant en place un audacieux ensemble de mesures", a relevé Paul Hollingsworth, économiste de Capital Economics.

-Une nouvelle baisse de taux dès novembre?-

Si la BoE a laissé la porte ouverte à de nouvelles actions, "elle va attendre d'avoir vu plus d'indicateurs pour en annoncer, alors nous nous attendons à ce que toute baisse de taux soit reportée au moins à novembre, au moment de la publication du prochain rapport trimestriel sur l'inflation", a prévenu M. Hollingsworth.

Ainsi, plusieurs économistes, dont MM. Hollingsworth et Archer, s'attendent à ce que la BoE abaisse à nouveau son taux directeur en novembre, pour le fixer à 0,10% avant de le laisser à ce niveau historiquement bas pour plusieurs années.

"Si la Banque d'Angleterre n'agit pas en novembre, les taux devraient tomber à 0,10% début 2017", a prévenu M. Archer.

"Nous pensons que même si l'économie britannique pourrait bien échapper à une légère récession, l'activité devrait se trouver progressivement sous une pression accrue du fait d'une période prolongée d'incertitude (liée au Brexit, ndlr)" et de l'impact négatif pour les consommateurs de l'accélération de l'inflation, a poursuivi l'économiste.

afp/al