Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) devrait jeudi laisser inchangé son taux directeur, préférant rester attentiste alors que la croissance britannique montre des signes d'essoufflement et avant des élections législatives le mois prochain sur fond de début du processus de Brexit.

"Les analystes n'attendent pas de changement significatif de la politique (monétaire) de la BoE en raison des élections à venir" au Royaume-Uni le 8 juin, a observé Paresh Davdra, directeur de Rational FX.

La BoE doit dévoiler sa décision monétaire à 11H00 GMT, suivie d'une conférence de presse de son gouverneur Mark Carney.

Le taux directeur de la banque centrale britannique est fixé à 0,25%, un niveau historiquement bas, depuis août dernier, quand l'institution avait assoupli sa politique monétaire afin de contrer tout choc potentiel sur l'économie du Royaume-Uni de la décision six semaines avant des Britanniques de quitter l'Union européenne (UE).

Le Comité de politique monétaire de la BoE avait à cette occasion également relevé le montant total de son programme de rachats d'obligations d'État, débloquant 60 milliards de livres sur six mois pour le porter à 435 milliards de livres (environ 516 milliards d'euros au cours de mercredi), et lancé un programme de 10 milliards de livres de rachats d'obligations d'entreprises, prévu initialement sur 18 mois et épuisé fin avril.

Depuis la dernière réunion de politique monétaire de la banque centrale britannique en mars, le Royaume-Uni a activé l'article 50 ouvrant deux ans de négociations pour déterminer les conditions de la sortie du pays de l'UE.

Puis la Première ministre Theresa May a, le mois dernier, convoqué des élections législatives anticipées le 8 juin afin de renforcer sa majorité en vue de ces négociations.

Mais surtout, "des indicateurs économiques plus faibles qu'attendu et une hausse de la livre devraient réduire au silence les membres tentés" par une hausse des taux et entraîner un ton prudent dans le rapport trimestriel sur l'inflation et la croissance qui accompagnera la décision monétaire de la banque centrale britannique, a ajouté Paul Hollingsworth, analyste chez Capital Economics.

- Prévision de croissance à la baisse? -

Le ralentissement de la croissance du produit intérieur brut (PIB) britannique au premier trimestre a notamment jeté un froid chez les observateurs car il laisse à penser que l'économie pourrait être rattrapée par les incertitudes liées au Brexit.

"Nous supposons que la Banque d'Angleterre va légèrement abaisser ses prévisions pour la croissance du PIB en 2017 de 2,0% à peut-être 1,8%", a prévenu Howard Archer, économiste chez IHS Markit.

Autre indicateur suivi de près, l'inflation a stagné en mars, mais est restée élevée, avec une hausse des prix de 2,3%, soit au-dessus du niveau cible de 2% fixé par le Trésor britannique à la BoE.

Et si l'inflation devrait s'accélérer à court terme, le rebond de la livre ces derniers semaines devrait aider la banque centrale à tolérer ce niveau élevé et ainsi lui permettre de retarder la nécessité d'une hausse de taux qui risquerait de nuire à une reprise économique toujours terne et à la merci des négociations du Brexit.

Dans ce contexte, les observateurs s'accordent à dire que la BoE devrait laisser son taux directeur inchangé tout au long de 2017 comme de 2018 et même jusqu'à courant 2019 au mieux.

Ainsi, Kristin Forbes, membre extérieur du comité de politique monétaire dont le mandat s'achève fin juin, risque de rester seule à voter en faveur d'une hausse des taux, comme elle l'avait fait à la surprise générale en mars.

En effet, même si Michael Saunders, un autre membre extérieur, a tenu des propos plutôt confiants ces dernières semaines, le ralentissement de la croissance pourrait bien le freiner.

Le Comité sera exceptionnellement composé que de huit personnes en l'absence de Charlotte Hogg, qui a quitté ses fonctions au sein de la BoE fin avril et n'a pas encore été remplacée.

afp/al