Francfort (awp/afp) - La Bourse de Francfort a fini en net recul jeudi, le Dax cédant 0,87% face à l'envol de l'euro, que les propos du président de la BCE Mario Draghi ne sont pas parvenus à endiguer.

L'indice vedette a terminé en repli de 116 points environ, à 13.298,36 points, tandis que le MDax des valeurs moyennes a perdu 1,05% à 26.865,32 points.

Comme ses homologues européennes, la place francfortoise n'a guère goûté la hausse de l'euro au delà de 1,25 dollar, sur fond de craintes de guerre monétaire déclenchée mercredi soir par les propos du secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.

A la surprise générale, M. Mnuchin a affirmé à Davos qu'un "dollar plus faible" était "bon" pour les Etats-Unis puisqu'il favorise "le commerce et les opportunités".

Non seulement cette déclaration rompt avec des décennies de discours américain vantant le "dollar fort", mais elle a immédiatement fait plonger le billet vert, portant en retour l'euro à son plus haut niveau depuis décembre 2014.

Très attendu dans ce contexte, Mario Draghi a indirectement dénoncé les propos de Steven Mnuchin, à ses yeux contraires aux "termes convenus" depuis "des décennies" entre partenaires internationaux pour éviter de manipuler les taux de change.

Il a par ailleurs promis que la BCE allait "surveiller" la parité euro-dollar, "source d'incertitudes" susceptible de peser sur l'inflation, reprenant une formule codifiée déjà employée en septembre.

Mais cette réponse subtile, doublée d'un ton très accommodant repoussant à "mi-2019" les attentes de hausse des taux, n'a pas eu l'effet escompté, poussant encore l'euro à la hausse pendant que les marchés actions s'enfonçaient dans le rouge.

"Sans rien dire de neuf, M. Draghi bouge les marchés. Mais probablement pas dans la direction visée", commente Carsten Brzeski, économiste de la banque ING.

Pour Jochen Stanzl, de CMC Markets, la BCE est apparue "impuissante" face au dollar faible, sans avancer d'un pouce sur la communication de sa future politique monétaire.

Autre facteur d'inquiétude, cette fois spécifiquement allemand, le conflit social dans la métallurgie menace de s'envenimer après un nouvel échec jeudi dans les négociations salariales entre partenaires sociaux.

Côté valeurs, Linde a grimpé à contre-courant, gagnant 2,79% à 200,80 euros et finissant en tête du Dax, alors que sa fusion avec l'américain Praxair "avance conformément aux plans", selon le PDG de Praxair cité par l'agence Bloomberg.

Heidelberg Cement (-1,11% à 89,26 euros) a de son côté pâti d'une recommandation à la baisse du courtier Kepler Cheuvreux, qui a revu jeudi son objectif de cours à 87 euros.

Siemens a reculé à l'unisson du marché, cédant 0,78% à 122,06 euros, sans réaction visible à l'information de Bloomberg selon laquelle l'industriel envisagerait de vendre son unité Automatisation. Interrogé par l'AFP, le groupe a "refusé de commenter les spéculations de presse".

afp/rp