En forçant un peu le trait, je crois qu'on peut dire que la hausse des marchés financiers fonctionne en triphasé depuis l'automne 2022. L'énergie provient soit des promesses de l'intelligence artificielle, soit des promesses de modération de la politique monétaire américaine, soit des promesses de redressement de l'économie chinoise.

Je ne reviendrai pas sur l'intelligence artificielle, qui a propulsé vers le haut le S&P500 (et a fortiori le Nasdaq) cette année. Sauf pour rappeler que Nvidia, Apple, Microsoft, Meta et Broadcom ont apporté les deux-tiers de la hausse de 18% de l'indice cette année, contre à peine plus de 5% aux 495 autres valeurs. C'est un soutien sous-jacent toujours puissant, même si la phase de hausse spectaculaire est révolue, pour le moment en tout cas.

Concernant le second point précité, le jeu du chat et de la souris entre le marché et la Fed est devenu un grand classique, en partie parce que les investisseurs avaient oublié ce qu'était une banque centrale qui avance à contrecourant, après des années de complaisance post-crise de 2008. Mais au final, le marché a pris son parti de taux élevés et même des menaces de tours de vis additionnels qui planent actuellement. Pourquoi ? Essentiellement parce que l'économie tient le choc, malgré une politique de resserrement monétaire menée tambour battant. Pour mémoire, le taux de Fed Funds était de 0,08% en février 2022. Il est de 5,08% au moment où j'écris. Pour expliquer pourquoi cette fois c'est (peut-être) différent, je ne saurai trop vous conseiller de lire le très bon papier de Robert Armstrong dans la rubrique Unhedged du Financial Times d'hier (papier normalement réservé aux lecteurs qui paient l'abonnement le plus cher du journal britannique, mais que les plus malicieux d'entre vous devraient trouver assez facilement sur le web, même si c'est mal je sais). Le fait que la Fed n'ait pas rompu d'équilibre majeur avec sa politique monétaire laisse penser aux investisseurs que la situation pourrait durer, renforçant l'hypothèse d'un atterrissage économique en douceur.

Ce qui m'amène à la troisième promesse, celle du redressement de l'économie chinoise, qui est apparemment la source ce matin d'une nouvelle mini-vague d'optimisme. Au motif que deux agences de régulation chinoises ont demandé aux banques d'aider les sociétés immobilières du pays à se relancer en leur offrant des conditions de prêts favorables. Plus globalement, les investisseurs attendent servilement n'importe quelle annonce qui pourrait réconcilier la réalité – une économie post-covid qui a des ratés – avec leur fantasme – une débauche d'activité qui tirerait à elle seule la croissance mondiale. Ce qui passe par des mesures de relance financées par l'Etat, selon le bon vieux paradoxe qui veut que les financiers ne veulent surtout pas que la puissance publique se mêle de leurs affaires, sauf des fois. La petite annonce du jour a propulsé le Hang Seng (Hong Kong) en hausse de 1,7% ce matin, pendant que le CSI 300 (Shanghai et Shenzhen) gagnait 0,6%. Il en faut peu pour être heureux. Au Japon, le Nikkei est stable. L'indice japonais est moins fringant depuis quelques séances, sans doute en train de cuver son orgie de hausse du premier semestre. L'Australie, Taiwan et la Corée du Sud gagnent plus de 1%, soutenues qui par l'actualité chinoise, qui par les chiffres solides proposés par Taiwan Semiconductor, l'ogre des semiconducteurs.

Dans le reste de l'actualité, la Turquie a finalement donné son feu vert à l'entrée de la Suède dans l'OTAN, alors que le sommet de l'organisation se tient actuellement en Lituanie. Plusieurs banquiers centraux américains s'exprimaient hier, mais leur discours n'a pas varié d'un iota : d'autres hausses de taux seront nécessaires dans les mois à venir. Le marché attend toujours la publication des chiffres de l'inflation américaine de juin, mercredi, pour affiner ses pronostics. La surchauffe des prix devrait donner de nouveaux signes d'accalmie, si bien qu'on devrait assister au retour du débat entre une ou deux hausses de taux additionnelles. Mais il sera bien temps d'en discuter demain. Quelques publications de résultats d'entreprises commencent à tomber avant l'ouverture officielle de la saison, qui devrait coïncider avec les chiffres de PepsiCo jeudi.

Les indicateurs avancés laissent envisager une ouverture haussière en Europe. Le CAC40 gagne 0,47% à 7175 points dans les premiers échanges. Le SMI est en hausse de 0,03% à 10 925 points et le Bel20 de 0,2% à 3514 points.

Les temps forts économiques du jour

L'Allemagne publie à 8h00 la seconde estimation de son inflation de juin, puis à 11h00 l'indice ZEW de confiance des investisseurs outre-Rhin. Tout l'agenda ici.

L'euro remonte à 1,0958 USD. L'once d'or est stable à 1923 USD. Le pétrole est remonté, avec un Brent de Mer du Nord à 77,93 USD le baril et un brut léger américain WTI à 73,31 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans monte à 4,07%. Le bitcoin se négocie autour de 30 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Accelleron : UBS démarre le suivi à l'achat en visant 27 CHF.
  • Anglo American : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 2430 à 2320 GBp.
  • Assa Abloy : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 260 à 290 SEK.
  • Cancom : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 31 EUR.
  • Danske Bank : KBW reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 205 à 240 DKK.
  • Dassault Aviation : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 190 à 200 EUR.
  • Deutsche Bank : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 9,50 EUR.
  • Esker : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 150 EUR.
  • Ferrovial : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 28 à 30 EUR
  • Getlink : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 16 à 17 EUR.
  • Henkel : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 77 EUR.
  • Michelin : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 28 EUR.
  • Nordex : AlsterResearch démarre le suivi à l'achat en visant 24 EUR.
  • Novartis : Morgan Stanley reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 94 à 93 CHF.
  • Roche : BNP Paribas Exane reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 325 à 335 CHF.
  • Rolls-Royce : Bernstein reste à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 165 à 185 GBp.
  • RWE : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 50 à 52 EUR.
  • Safran : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 153 à 156 EUR.
  • Thales : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 148 à 154 EUR.
  • VAT Group : Oddo BHF passe de surperformance à neutre en visant 380 CHF.
  • Voestalpine : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours réduit de 35 à 34 EUR.
  • Zurich Insurance : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 485 à 455 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • TotalEnergies signerait un accord de 27 Mds$ avec l'Irak, selon Reuters.
  • Renault et Geely s'entendent pour former une nouvelle coentreprise de production de moteurs thermiques. Le constructeur français se réjouit par ailleurs de son "retour sur le podium", avec une position de première marque la plus vendue en France et deuxième en Europe au premier semestre.
  • Thales a été retenu pour développer les sonars destinés à équiper les futurs sous-marins lanceurs d'engins (SNLE) français de troisième génération, attendus à partir de 2035, dans le cadre d'un contrat de 300 à 500 M€.
  • Alstom a conclu un important contrat d'achat d'électricité renouvelable en Espagne.
  • Stellantis complète sa première prise de participation dans Element 25 pour 15 M$.
  • Eiffage obtient un contrat de construction pour un projet de gigafactory de batteries électriques en France.
  • Ubisoft fait entrer deux administratrices indépendantes au sein de son conseil d'administration : Katherine Hays et Olfa Zorgati.
  • Les deux offres de sauvetage de Casino sont étendues jusqu'au 12 juillet.
  • Clariane annonce que le paiement du coupon en actions représente 8,31% des droits à dividende (ce qui est faible).
  • Tikehau a annulé 0,27% de son capital.
  • Argan lance la construction d'une agence de transport routier à Rouen.
  • Hydrogen Refueling Solutions a été retenu pour deux stations de ravitaillement en hydrogène renouvelable pour véhicules lourds dans une agglomération française.
  • Waga Energy et Casella s'associent pour produire du biométhane sur trois sites aux États-Unis.
  • Guerbet renforce son comité exécutif avec deux nominations.
  • Lhyfe et Perl (Allemagne) développent une infrastructure d'hydrogène vert destinée à des usages industriels.
  • McPhy s’associe à Dyneff pour équiper la première station hydrogène bas-carbone et renouvelable.
  • Peugeot Invest détient désormais directement 14,4% du capital de Lisi.
  • Abionyx Pharma reçoit une autorisation AAC pour traiter un 4e patient avec CER-001 dans la maladie rare Déficience LCAT ou maladie de Norum.
  • Mastrad fusionne avec sa filiale Orka et prend son nom.
  • Sanofi traite un premier patient en phase I/II avec SAR’514 / IPH6401 dans le cadre de l'accord Innate.
  • Eurobio annule 3,5% de son capital.
  • Europlasma remporte un marché provisoire de traitement d'amiante en Algérie.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Safe

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Ambu relève ses prévisions de résultats pour l'exercice 2022/2023.
  • Daimler Truck relève ses objectifs et prévoit de racheter 2 Mds€ d'actions.
  • FMC Corporation revoit à la baisse ses prévisions.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures