Face à l’arrivée probable d’une vague de hausse de taux aux Etats-Unis et aux incertitudes provoquées par des élections majeures en Europe, la monnaie unique vacille et cède de nouveau quelques encablures.

Resserrer la politique de la banque centrale américaine trop tard serait imprudent a récemment martelé Janet Yellen devant le Congrès, soucieuse de l‘effet récessif que pourrait provoquer une hausse trop brusque du loyer de l’argent dans un laps de temps trop court. Mais si un nouveau tour de vis semble ainsi acquis d’ici la fin du premier semestre, le doute subsiste quant à la décision que prendra le comité le 15 mars prochain.

Si les marchés n’anticipent toujours pas une action de la FED au premier trimestre, le compte-rendu de la dernière réunion de l’institution confirme que les argentiers américains souhaitent agir « assez vite » si les indicateurs en matière d’emploi et d’inflation sont conformes ou surpassent leurs prévisions. Bien qu’une majorité de membres votants (10 sur 17) semblent vouloir temporiser en attendant davantage de précisions sur la politique du nouveau gouvernement, des données publiées ultérieurement montrent que la hausse des prix à la consommation de la première économie mondiale s’est déjà fortement accélérée au mois de janvier, enregistrant une avancée de +0.6% contre +0.3% prévu par un consensus d’économistes.

De l’autre côté de l’Atlantique, les minutes de la BCE indiquent à l’inverse que l’institution souhaite poursuivre ses efforts face aux risques politiques en Europe et dans le monde. Le conseil des gouverneurs refuse, en effet, de céder aux sirènes de l’autosatisfaction, estimant que le niveau actuel de l’inflation reste porté par des facteurs temporaires.

L’Euro a néanmoins profité d’un soutien inattendu avec l’annonce de la non-candidature de François Bayrou à l’élection présidentielle française. Le centriste, crédité d’environ 5% dans les sondages, renforce ainsi les rangs d’Emmanuel Macron, principal candidat pro-européen, et affaiblit du même coup l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen.

Graphiquement, la monnaie unique s’appuie sur 1.0529 pour tenter un rebond provisoire mais la tendance devrait rapidement reprendre ses droits et les cours pourraient bientôt tester notre support de moyen terme à 1.0391 pour rejoindre leurs plus bas niveaux en près de 15 ans.