Washington (awp/afp) - La Fed est partagée sur le rythme de ses hausses des taux face à la faiblesse de l'inflation mais va bientôt engager la réduction de son bilan, ce qui équivaut à un resserrement monétaire, selon les minutes de sa réunion du 25 et 26 juillet publiées mercredi.

La banque centrale américaine avait laissé lors de cette réunion de son comité monétaire (FOMC) ses taux inchangés dans une fourchette de 1% à 1,25%.

"Le Comité peut se permettre d'être patient dans les circonstances actuelles pour décider quand augmenter davantage le taux sur les fonds fédéraux", selon le texte des minutes.

Celles-ci indiquent également que la banque centrale commencera "relativement bientôt" la réduction des actifs qu'elle a amassé à son bilan depuis la crise financière, une démarche connue sous le nom de "normalisation" de la politique monétaire.

Les responsables de la politique monétaire avaient déjà fait part de leur intention de réduire ce bilan dans le communiqué diffusé à l'issue de leur réunion. Cette dernière ne s'était pas accompagnée d'une conférence de presse de sa présidente Janet Yellen.

Le communiqué diffusé en juillet indiquait que ce processus pourrait débuter dès sa prochaine réunion des 19 et 20 septembre "si l'économie évolue comme prévu".

En réduisant très progressivement sa présence sur le marché des bons du Trésor et titres appuyés sur des créances hypothécaires, la Fed veut utiliser cette démarche comme un "outil passif" de politique monétaire.

Il s'agit, en cessant de réinvestir dans les titres arrivant à maturité, de diminuer le volume massif de bons du Trésor et de titres obligataires qu'elle a amassés après la récession de 2009 pour doper la reprise, soit 4.500 milliards de dollars. Cela revient à resserrer les conditions du crédit en réduisant les liquidités sur le marché.

"Le seul petit élément des minutes qui n'avait pas déjà été révélé est que certains étaient prêts à annoncer la normalisation dès juillet mais ceux qui préfèrent attendre ont été plus nombreux", indique Chris Low de FTN Financial.

Il souligne toutefois que "les doutes sur l'inflation s'étendent au sein du FOMC qui devrait ralentir le rythme de la hausse des taux à moins que l'inflation ne rebondisse rapidement".

- Débat sur l'inflation-

Le texte des minutes fait effectivement apparaitre un Comité monétaire (FOMC) assez divisé sur la question de l'inflation.

"Certains participants ont exprimé leur préoccupation face au récent ralentissement de l'inflation, qui s'est produit de surcroît dans un contexte de resserrement de l'utilisation des ressources et ont fait part de leur incertitude grandissante sur les perspectives d'inflation", indiquent les minutes.

Mais d'autres "ont indiqué leur possible inquiétude sur les conséquences de taux bas prolongés, y compris la possibilité que les attentes d'inflation sont trop basses, que les rendements (obligataires) pourraient augmenter rapidement ou encore que les taux bas pourraient conduire les investisseurs à prendre des risques excessifs pour obtenir des retours sur investissements plus élevés", souligne le texte.

Omar Esiner, de Commonwealth Foreign Exchange, a indiqué que le dollar, qui avait déjà baissé après l'annonce de la dissolution de cénacles de PDG rassemblés autour du président Donald Trump, s'était encore affaibli après la publication des minutes.

Ces dernières "montrent pas mal de débats sur le sujet de l'inflation. Si la plupart des responsables de la politique monétaire semblent d'accord sur le fait que l'inflation devrait accélérer sur les prochaines années, beaucoup voient une probabilité grandissante que l'inflation reste inférieure à sa cible sur le long-terme", souligne M. Esiner.

L'objectif actuel d'inflation fixé par la Fed est de 2% et la Fed estime qu'au-dessus de ce taux, elle serait obligée de remonter ses taux plus agressivement.

Selon l'indice privilégié par la Fed, celui des prix basé sur les dépenses de consommation (PCE), l'inflation s'est encore affaiblie en juillet à 1,4% en glissement annuel, soit son niveau le plus bas en neuf mois. Le taux de chômage, en revanche, est tombé en juillet à 4,3% son plus faible niveau en 16 ans.

La banque centrale a déjà relevé ses taux à deux reprises cette année.

Elle a pour mandat de maintenir un taux d'emploi maximum, des prix stables et des taux d'intérêt à long-terme peu élevés.

afp/rp