A l'issue d'une réunion de comité de politique monétaire étalée sur deux jours, la banque centrale américaine a modifié mercredi les perspectives à long terme de sa politique monétaire, disant désormais qu'elle adopterait un positionnement "patient" en vue d'une hausse du coût de l'argent.

La Fed s'est également montrée confiante dans les capacités de croissance de l'économie américaine, confirmant ses prévisions pour 2015 et relevant très légèrement celles pour 2016, malgré les difficultés rencontrées par la zone euro, le Japon ou encore la Russie.

Lors d'une conférence de presse, Janet Yellen, présidente de la Fed, a précisé que derrière le terme "patient", il fallait comprendre qu'il n'y aurait vraisemblablement pas de hausse de taux lors des "deux prochaines réunions au moins", soit pas avant le mois d'avril.

Wall Street, le dollar et, dans une moindre mesure, le rendement des emprunts du Trésor, ont enregistré une vive hausse après les déclarations de la Fed, retenant notamment son optimisme au sujet de l'économie américaine et le flou relatif entretenu autour du calendrier d'une première hausse des taux.

Dans un premier temps, les intervenants de marché ont estimé que le nouveau discours de politique monétaire de la Fed était plus accommodant que prévu. Nombre d'entre eux avaient en effet pensé que la banque centrale ne ferait plus du tout mention de taux d'intérêt maintenus à niveau bas pendant une "période considérable".

"Au vu de son appréciation actuelle, le comité estime qu'il peut être patient en vue d'un début de normalisation de sa politique monétaire", a dit la Fed.

Mais elle a ajouté que cette position était "compatible" avec l'expression utilisée dans une longue série de déclarations de politique antérieures, à savoir qu'il y aurait une "période considérable" avant un premier relèvement des taux.

NOUVELLES PROJECTIONS

Juste après les propos de la Fed, les futures sur taux montraient que les acteurs du marché avaient repoussé d'un mois, à octobre, leur estimation d'un premier tour de vis monétaire. Mais, à mesure que le discours de la Fed et les déclarations de Janet Yellen étaient digérées, ces futures sont revenus à septembre pour une première hausse des taux.

Certains économistes pensent même que ceci pourrait intervenir plus tôt. Selon Eric Green, analyste chez TD Securities, la définition de mot "patient" par Janet Yellen n'était "pas aussi accommodant que ce que laissait supposer le communiqué".

La banque centrale maintient des taux quasi nuls depuis décembre 2008 mais la phase de reprise, certes peu spectaculaire mais régulière, que connaît l'économie américaine a ramené ces derniers mois le taux de chômage à un niveau (5,8% en novembre) proche de celui que la banque centrale estime correspondre à une situation de plein emploi.

Devant la presse, la présidente de la Fed a déclaré que la chute des cours du brut, qui tire actuellement vers le bas l'inflation, n'empêcherait pas les prix à la consommation de remonter et de se rapprocher de l'objectif d'une progression de 2% fixé par la banque centrale.

Elle a également déclaré l'effondrement du cours de l'or noir, divisé par deux en quelque six mois, serait au bout du compte bénéfique pour l'économie américaine.

D'après les projections actualisées de la Fed, celle-ci croîtra entre 2,6% et 3,0% l'année prochaine. Pour 2016, la banque centrale a relevé la partie haute de sa fourchette de prévisions, voyant désormais le produit intérieur brut (PIB) augmenter de 2,5% à 3,0% (contre 2,6%-2,9% précédemment).

(Benoit Van Overstraeten pour le service français)

par Howard Schneider et Michael Flaherty