Greg Robb,

MarketWatch

NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Le processus de réduction du bilan de la Réserve fédérale (Fed) marquera un tournant en matière de politique monétaire. En démarrant la cession de certains des quelque 3.700 milliards de dollars de titres obligataires et hypothécaires amassés pendant la crise financière, la Fed s'apprête à faire un saut dans l'inconnu.

Le conseil des gouverneurs de la Fed va probablement annoncer mercredi, à l'issue d'une réunion de politique monétaire de deux jours, son intention d'autoriser, dans le courant du mois d'octobre, le début de la réduction du bilan de l'institution. Sa présidente, Janet Yellen, tiendra ensuite une conférence de presse pour expliquer cette décision.

"Ce sera une journée historique" pour la Fed, estime Lewis Alexander, chef économiste pour les Etats-Unis à Nomura Securities, une journée à laquelle la banque centrale pense depuis longtemps sans avoir d'horizon prédéfini.

Or ses répercussions restent incertaines.

"Nous nous dirigeons vers une situation très différente de celle que nous connaissons maintenant. Il faudra des années pour y parvenir et en cerner toutes les implications", ajoute Lewis Alexander.

Dans l'espoir de maintenir le calme sur les marchés, la Fed a opté pour la discrétion. Les banquiers fédéraux ont ouvertement reconnu avoir préparé les premières étapes du processus de réduction de façon à ce qu'elles passent quasiment inaperçues.

Les économistes n'ont en revanche aucun doute sur le fait que les taux obligataires finiront par augmenter.

"La Fed espère simplement de toutes ses forces s'être montrée suffisamment transparente pour que cet ajustement se déroule sans heurt", affirme Jim Glassman, chef économiste de la banque de détail à J.P. Morgan Chase.

L'objectif est d'éviter une répétition du "taper tantrum" de 2013, qui avait vu le taux de l'emprunt du Trésor à 10 ans grimper subitement de près de 1 point de pourcentage lorsque Ben Bernanke, qui dirigeait alors l'institution, avait évoqué pour la première fois la perspective d'une réduction progressive (tapering) des achats d'actifs de la Fed.

Les responsables de la Réserve fédérale savent depuis longtemps qu'ils devront à terme inverser le cours de leur politique monétaire. Partisans et opposants du resserrement monétaire sont d'accord sur le fait que cette politique n'est pas tenable à moyen terme car elle apporterait un soutien démesuré à une économie bien portante. Or les banquiers centraux sont maintenant parvenus à la conclusion que l'économie américaine est suffisamment robuste pour supporter un resserrement monétaire.

Une décision clé reste en suspens: la Fed doit encore déterminer la taille à laquelle elle devra ramener, à l'issue du processus, son bilan massif de 4.500 milliards de dollars. Or cette décision ne manquera pas d'influer sur la stratégie qu'emploiera la Fed à l'avenir.

-Greg Robb, MarketWatch (Version française Emilie Palvadeau) ed: ECH