La récente audition de Janet Yellen devant le Sénat américain lui a donc donné l'occasion de faire savoir que la Réserve fédérale américaine n'était pas pressée de relever ses taux directeurs, en tout cas qu'une remontée des taux était « peu probable » avant juin, indique Jean-Gabriel Attali, stratégiste chez Cross Asset Kepler Cheuvreux - Investment Solutions.

Selon lui, cela repousse probablement à septembre la date de la première remontée de taux, une telle décision ne pouvant raisonnablement pas se prendre durant l'été, où l'absence de nombreux investisseurs et la faiblesse des volumes tendent à exacerber les mouvements des marchés financiers.

Ainsi, malgré un rythme de création d'emplois de retour sur ses plus hauts, en dépit de l'augmentation des salaires supérieure à l'inflation, la présidente du FOMC se dit plus préoccupée par le ralentissement chinois et le risque de déflation en Europe que par la nécessité de normaliser la politique monétaire des Etats-Unis.

Si elle peut se permettre d'attendre, c'est bien sûr grâce à la chute des matières premières, qui a permis à l'économie américaine d'afficher un recul (modéré) des prix sur 1 an. Mais, non seulement l'inflation sous-jacente reste proche des 2%, mais de surcroit, les effets transitoires de la chute des matières premières vont s'estomper progressivement et faire remonter les anticipations d'inflation tout au long de l'année. Ainsi, la Fed aurait plutôt intérêt à commencer à durcir sa communication plutôt que la rendre plus accommodante, observe Jean-Gabriel Attali.

En réalité, ce message de patience traduit surtout les craintes que la Fed peut avoir des effets potentiels d'un premier durcissement monétaire 8 ans après le déclenchement de la crise des subprimes, et notamment des répercussions sur les devises, sur les marchés obligataires, et en définitive sur l'économie mondiale.

Les adeptes de la théorie du temps cyclique rappelleront que c'est un durcissement monétaire (et budgétaire) trop important qui, en 1937, avait replongé les Etats-Unis en crise et vu le Dow Jones abandonner la moitié de sa valeur... Soit précisément 8 ans après le début de la grande dépression, souligne Jean-Gabriel Attali.