* Paris ne respecte pas ses engagements européens

* Bruxelles doit rendre son avis dans les prochaines semaines

* Macron dément l'existence d'un pacte entre Paris et Berlin (Actualisé avec nouvelles déclarations, précisions, contexte)

PARIS, 19 octobre (Reuters) - La France s'est dite confiante dimanche sur l'avis que doit rendre dans les prochaines semaines la Commission européenne sur son projet budgétaire pour 2015 qui prévoit un déficit public supérieur à la limite européenne.

"Je suis totalement sûr à ce stade qu'il n'y aura pas d'avis négatif de la Commission parce que nous ne nous mettons pas dans cette situation", a déclaré le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, invité du "Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro".

Le budget de la France fait "l'objet d'une discussion qui est normale avec la Commission européenne dans le cadre des traités", a-t-il indiqué.

Prié de dire s'il pensait que cette discussion aboutirait à un avis négatif de la CE, il a répondu : "Non je n'ai aucun doute à cet égard".

Paris a envoyé mercredi dernier à la Commission européenne son projet de budget pour 2015 qui prévoit un déficit public représentant 4,3% de son produit intérieur brut (PIB), supérieur à la règle européenne des 3%.

Si elle estime qu'il s'agit là d'un "manquement grave" au pacte de stabilité et de croissance, la CE pourrait demander à la France de revoir sa copie, ce qui serait une première pour un pays de la zone euro.

"Pourquoi ne les avons-nous pas tenus (ces engagements en matière de déficit budgétaire)? Parce que les hypothèses d'inflation et de croissance sur la base desquelles nous avions fait ce budget ont bougé", a dit Emmanuel Macron qui doit se rendre lundi à Berlin avec le ministre du Budget Michel Sapin pour parler croissance avec leurs homologues respectifs.

Selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, la France et l'Allemagne prépareraient un accord qui permettrait à Paris d'obtenir le feu vert de la Commission européenne.

Les deux gouvernements seraient en train de mettre au point un accord écrit par lequel la France s'engagerait à fournir à Bruxelles une feuille de route détaillée en matière de réduction de déficit et de réforme structurelle, écrit l'hebdomadaire qui ne cite pas ses sources.

"GAGE DE CONFIANCE"

L'existence ou la préparation d'un document écrit retranscrivant un tel accord a été démentie par un haut fonctionnaire du gouvernement allemand et par Emmanuel Macron.

"C'est faux, mais il y a la volonté de mettre en place ce deal qui est que nous, nous fassions des réformes (...)", a dit le ministre de l'Economie.

"En contrepartie, et c'est ça le bon deal, c'est que les Allemands, rassurés par le travail que nous faisons, puissent investir pour eux-mêmes - ils ont une capacité - et qu'ils nous aident à porter un vrai plan d'investissement en Europe, les fameux 300 milliards de Juncker, parce que c'est ça la bonne relance", a souligné en faisant référence à la volonté du futur président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, d'investir 300 milliards d'euros dans de grands projets pour relancer l'emploi et la croissance.

La chancelière Angela Merkel a demandé cette semaine aux pays européens de poursuivre leurs efforts de réduction des déficits budgétaires et d'amélioration de leur compétitivité pour surmonter la crise de la zone euro.

Des pays comme la France et l'Italie, qui assure la présidence de l'Union européenne, pressent de leur côté l'Europe de faire preuve d'une plus grande souplesse en matière de règles budgétaires afin de relancer plus activement la croissance et l'emploi.

La question de la croissance dans la zone euro et des réformes françaises sont au menu entre autres du sommet européen prévu jeudi et vendredi à Bruxelles.

Les intérêts de Paris et de Berlin "sont plus alignés" depuis que l'Allemagne, touchée par les effets des crises à l'étranger, a ramené sa projection de croissance de 2014 de 1,8% à 1,2% et celle de 2015 de 2,0% à 1,3%, a estimé Emmanuel Macron.

"Aujourd'hui, nous avons toutes les conditions pour faire un nouveau pas avec nos partenaires allemands (...). Les Allemands sont en train de subir les conséquences de la crise ce qui n'était pas le cas jusqu'alors", a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron veut soigner les maux de l'économie française

(Marine Pennetier, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Danielle Rouquié)