* Le pays mal préparé aux conséquences du réchauffement

* Des répercussions sanitaires et économiques à prévoir

* C'est la conclusion d'un rapport de deux sénateurs

PARIS, 16 mai (Reuters) - La France doit s'adapter en "urgence" au dérèglement climatique et à toutes les répercussions désastreuses que celui-ci entraînera d'ici à 2050 et au-delà, selon un rapport sénatorial rendu public jeudi.

Vagues de chaleur plus fréquentes, phénomènes de submersion marine, nappes phréatiques à sec, risques accrus d'incendies extrêmes, stagnation des rendements agricoles : tels sont les conséquences, parmi d'autres, auxquelles le pays sera confronté, plus encore qu'aujourd'hui, dans les décennies à venir.

"Tous les effets négatifs déjà observables des changements climatiques vont (...) s'accentuer", est-il écrit dans ce rapport, signé de Ronan Dantec (Loire-Atlantique) et Jean-Yves Roux (Alpes-de-Haute-Provence), tous deux membres de la délégation sénatoriale à la prospective.

"Il faut donc se préparer à absorber ce 'choc' climatique inévitable", ajoutent les deux auteurs, qui ont mené 36 auditions d'experts et d'acteurs des filières touchées.

Selon les projections, ce choc aura des effets sanitaires - les canicules meurtrières seront plus fréquentes, la hausse des températures augmentera les risques liés à la pollution de l'air, certaines maladies pourront se propager plus facilement.

Mais aussi des effets économiques pour l'agriculture, qui sera touchée de plein fouet, ou le tourisme dans certaines zones, notamment en moyenne montagne où la neige sera probablement plus rare, et sur les côtes.

De ce point de vue, les sénateurs constatent une "mobilisation globalement insuffisante" de la France et "souligne(nt) la nécessité d'envoyer sans tarder un signal politique fort sur le caractère prioritaire de l'adaptation".

Ils formulent à cette fin 18 propositions au total, certaines d'ordre symbolique et d'autres demandant une application plus immédiate, comme la révision des normes de construction, d'architecture et d'urbanisme.

Il est également nécessaire, jugent les deux sénateurs, de "procéder à l'estimation des besoins financiers nécessaires aux politiques d'adaptation".

Dans leur rapport, Ronan Dantec et Jean-Yves Roux voient au-delà de 2050.

"Dans le scénario malheureusement de plus en probable d'une poursuite des émissions au rythme actuel, la France serait conduite dans une situation alarmante vers 2080, caractérisée notamment par des vagues de chaleur extrême, auprès desquelles la canicule historique de 2003 apparaîtra comme un événement relativement anodin", écrivent-ils.

Et, précisent-ils, les paysages méditerranéens couvriront la moitié du territoire à la fin du siècle, contre 15% aujourd'hui. (Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)