LONDRES, 24 août (Reuters) - Les autorités françaises n'ont pas compris pourquoi le burkini avait été créé et ne devraient pas l'ériger en symbole de division, a affirmé mercredi Aheda Zanetti, la créatrice de ce costume de bain pour femmes musulmanes.

"Ils n'ont pas compris ce qu'était le burkini", déclare-t-elle dans une interview à la Fondation Thomson Reuters, ajoutant que tout le monde pouvait le porter, peu importe sa religion.

La créatrice estime d'ailleurs que 40% de ses clientes ne sont pas musulmanes. Des survivantes du cancer, des mères complexées ou des femmes qui veulent protéger leur peau du soleil ont également acheté le burkini.

L'Australienne Aheda Zanetti a créé le costume de bain en 2004 pour que les musulmanes puissent porter un vêtement qui couvre leur tête, comme le hijab, lorsqu'elles pratiquent des activités ou des sports dans l'eau.

"Le burkini a été créé pour plus de liberté, de flexibilité et de confiance. Il a été créé pour s'intégrer dans la société australienne", précise-t-elle.

Aheda Zanetti s'étonne des débats autour du burkini, considéré comme normal en Australie.

Les tensions autour du port du burkini sur les plages françaises se sont avivées mercredi avec les abus reprochés aux policiers de plusieurs villes qui ont pris des arrêtés contre ce costume de bain pour femmes musulmanes.

Jugeant que l'affaire a pris une "tournure préoccupante", le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) a été reçu à sa demande mercredi après-midi par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Aheda Zanetti, qui vit depuis plus de quarante ans en Australie, a eu l'idée de créer le burkini en voyant les difficultés de sa nièce, qui porte le hijab, à trouver des vêtements légers pour jouer au netball (un sport semblable au basketball) dans son école. (La Thomson Reuters Foundation est une organisation caritative qui couvre des sujets liés à l'actualité humanitaire, aux conflits, à l'esclavage moderne et au trafic d'êtres humains, aux droits des femmes et au changement climatique.; http://news.trust.org; Lin Taylor, Laura Martin pour le service français, édité par Tangi Salaün)