par Rodrigo Campos

NATIONS UNIES, 24 février (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies jouera sa crédibilité lorsqu'il se réunira pour voter un projet de résolution sanctionnant Damas pour l'usage d'armes chimiques contre la population civile, a estimé vendredi l'ambassadeur français à l'Onu, François Delattre.

"Si le Conseil de sécurité est incapable de s'unir sur une question aussi vitale, littéralement vitale, que la prolifération et l'usage d'armes de destruction massive contre les populations civiles, alors quoi?" s'est interrogé le chef de la mission permanente de la France aux Nations unies.

"Ce qui est franchement en jeu ici, c'est la crédibilité du Conseil de sécurité", a-t-il dit à la presse.

Le vote pourrait avoir lieu dès le début de la semaine prochaine.

Le projet de résolution préparé par la France et le Royaume-Uni prévoit de sanctionner 11 responsables militaires et politiques syriens ainsi que dix entités gouvernementales impliqués dans le développement et la production d'armes chimiques. Les sanctions sont un gel des avoirs et, pour les individus, une interdiction de déplacement.

Deux diplomates ont jugé jeudi que la Russie opposerait probablement son veto au texte, auquel les Etats-Unis se sont ralliés en devenant co-parrains.

"Nous avons travaillé avec le Royaume-Uni et la France pour nous assurer que cette résolution sera mise sur la table et nous verrons alors quels pays ont une excuse pour les armes chimiques et quels sont ceux qui diront vraiment que c'est un problème", a déclaré l'ambassadrice américaine à l'Onu, Nikki Haley.

Une enquête conjointe menée par l'Onu et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a conclu que les forces gouvernementales syriennes étaient responsables de trois attaques au chlore et que les djihadistes de l'Etat islamique avaient utilisé du gaz moutarde, montrent des rapports parus l'an dernier.

Le gouvernement de Bachar al Assad nie que ses forces aient eu recours à des armes chimiques.

Le vote du Conseil de sécurité de l'Onu intervient alors que de nouvelles discussions se sont ouvertes jeudi à Genève entre représentants du pouvoir syrien et délégués de l'opposition.

François Delattre a jugé qu'il n'existait aucune contradiction entre les deux événements.

La guerre en Syrie, qui a débuté il y a près de six ans, a fait au moins 300.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)