Berne (awp/ats) - Le conseil d'administration de La Poste maintient sa confiance en sa directrice Susanne Ruoff, sous le feu des critiques après des révélations de manipulations comptables chez CarPostal. Il a annoncé des mesures pour faire la lumière sur toutes les irrégularités.

Il s'agit d'un "incident sans précédent" dans l'histoire du géant jaune, a relevé jeudi devant les médias à Berne le président du conseil d'administration Urs Schwaller. Le dysfonctionnement des organes de contrôle a perduré de nombreuses années, ce qui a causé un problème "aux dimensions inégalées".

CarPostal a perçu indûment 78,3 millions de francs suisses de subventions fédérales et cantonales entre 2007 et 2015, selon un rapport de l'Office fédéral des transports (OFT) qui a révélé les irrégularités. L'entreprise de transports a déjà annoncé qu'elle remboursera l'intégralité de cette somme.

La Poste a des partenaires en Suisse et à l'étranger qui doivent avoir toute confiance dans l'entreprise, rappelle M. Schwaller. Le conseil d'administration veut une enquête transparente.

TRANSPARENCE ET INDÉPENDANCE

Un groupe de travail composé d'experts indépendants a été mis sur pied pour établir les faits et les responsabilités. Il est subordonné au président du conseil d'administration, seul en charge de l'enquête afin de garantir son indépendance et son exhaustivité. Plus de 300'000 documents ont déjà été saisis. Les premiers résultats sont attendus pour mai 2018.

"Nous tenons à procéder ainsi afin de pouvoir également examiner les responsabilités au niveau de la direction du groupe et du conseil d'administration", assure M. Schwaller. Suite au départ avec effet immédiat de l'ancien directeur de CarPostal, Daniel Landolf, la voie est libre pour une enquête transparente.

La séparation entre l'opérationnel et l'enquête est claire, insiste le président du conseil d'administration. Mme Ruoff se concentrera sur la gestion opérationnelle du groupe.

Une suspension n'est pas une option car un retour à la fin de l'enquête n'est pas possible, estime M. Schwaller. De plus, la présomption d'innocence prévaut. La directrice de La Poste conserve également la confiance du Conseil fédéral. Doris Leuthard et le directeur de l'OFT Peter Füglistaler ont mis en garde contre des condamnations prématurées.

Plusieurs parlementaires avaient demandé sa démission ou sa suspension. "Je crois qu'elle ne peut plus conserver son poste", avait dit Roger Nordmann, chef du groupe socialiste aux Chambres fédérales.

La présidente de la commission des transports et des télécommunications Edith Graf-Litscher (PS/TG), dans un premier temps pour une démission, a retourné sa veste. Garder Susanne Ruoff dans la gestion opérationnelle est positif; tout comme de laisser l'enquête aux mains d'experts externes. "Jusqu'à présent j'avais l'impression que La Poste minimisait l'affaire", a-t-elle dit à l'ats.

MESURES IMMÉDIATES

Le conseil d'administration a également adopté d'autres mesures immédiates. Les bonus des membres de la direction de CarPostal, ainsi que de Susanne Ruoff, ne seront pas versés tant que les responsabilités ne sont pas clairement établies. Et M. Schwaller de préciser que le versement et le montant alloué seront décidés après la fin de l'examen.

L'ensemble de la gouvernance, des structures et des organes de surveillance de CarPostal seront examinés. Ils seront adaptés afin qu'un tel scandale n'ait plus jamais lieu. La stratégie de la filiale sera également soumise à un examen approfondi.

Les nouveaux projets d'acquisition seront stoppés jusqu'à ce que le conseil d'administration soit au clair sur ce qui s'est passé.

Déjà annoncé au début du mois, un programme de compliance sera mis en place pour garantir le respect des dispositions légales relatives aux subventions.

La direction par intérim de CarPostal est assurée par Thomas Baur, responsable de l'unité d'affaires RéseauPostal. Il recevra un soutien supplémentaire afin d'assurer la gestion opérationnelle. La Poste cherche déjà un successeur à M. Landolf pour reprendre la direction de CarPostal.

ats/al