Berne (awp) - La Poste entend remanier son réseau en misant intensément sur les guichets installés dans des commerces partenaires. La transformation risque d'avoir un impact sur quelque 1200 collaborateurs d'ici 2020, représentant environ 700 emplois à plein temps, a détaillé mercredi devant la presse la directrice générale (CEO) Susanne Ruoff.

Au cours des quatre prochaines années, le nombre de points d'accès pour les clients doit être porté à 4000, contre 3700 à ce jour. Le nombre d'offices traditionnels doit dans le même temps être ramené entre 800 et 900, contre 1400 actuellement. Le nombre de points de dépôts et de retraits, automatisés ou non, doit bondir de 290 à 500-700 et celui des agences postales de 800 à 1200-300.

Les communes concernées par les suppressions d'offices traditionnels seront consultées au préalable. La répartition régionale fait encore l'objet de négociations avec les cantons et il demeure prématuré d'en établir la carte, a précisé la patronne.

L'ancienne régie fédérale assure étudier des alternatives aux licenciements secs, comptant notamment sur des départs naturels.

Pour développer son réseau de points d'accès, La Poste compte notamment explorer des alternatives aux seuls commerces, telles que les pharmacies et maisons de retraites. Les petites et moyennes entreprises pourront en outre bientôt disposer d'un service de collecte directement sur leur site, a pour sa part indiqué Thomas Baur, responsable réseau postal et vente.

La restructuration répond avant tout à une volonté d'étendre l'accès pour les clients, mais aussi à des considérations financières a reconnu Mme Ruoff. La CEO n'était cependant pas encore en mesure de tracer les conséquences des mesures envisagées sur la base de coûts de l'entreprise.

CONTRE-OFFENSIVE SYNDICALE

La réaction des syndicats ne s'est pas faite attendre. La Poste veut en réalité déplacer ses services chez des sous-traitants pour faire baisser les salaires, a communiqué Syndicom. "C'est la politique du fait accompli", a dit à l'ats Christian Capacoel, chef de la communication, assurant avoir découvert ces chiffres dans la matinée. L'entreprise a pourtant assuré avoir informé les syndicats.

M. Capacoel a appelé à créer un front commun à Berne pour soutenir le service public. Le Syndicat Autonome des Postiers (SAP) a dénoncé lui aussi la poursuite du démantèlement des offices de poste. Selon le SAP, la direction de La Poste ne s'intéresse plus au réseau. Les cantons ruraux et alpins devraient s'unir pour créer une Poste intercantonale et développer les services nécessaires aux citoyens.

Car près de 800'000 habitants n'ont déjà plus accès à un office de poste dans les limites raisonnables fixées par le Conseil fédéral, et d'ici 2020, ce nombre sera plus que doublé, selon le SAP.

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