A l’occasion de sa dernière réunion, la banque centrale néo-zélandaise (RBNZ) a opté pour un statu quo sans surprise sur son taux directeur, déjà abaissé au niveau historiquement bas de 1.75% en novembre dernier, tout en adoptant un ton plus accommodant qu’attendu.

Bien qu’il revendique un biais largement neutre, le communiqué de l’institution estime que la politique monétaire restera accommodante pendant une période considérable en raison d’incertitudes à l’international. En outre, malgré une projection légèrement plus optimiste sur le taux directeur, les argentiers néo-zélandais ont révisé en baisse leurs prévisions d’inflation pour 2018 et 2019. Enfin ils ont estimé, comme lors de la précédente réunion, que leur devise, le Kiwi, évoluait à des niveaux trop élevés pour assurer une croissance équilibrée.

Faisant écho au compte-rendu de la réunion, le gouverneur de l’institution Graham Wheeler s’est attardé une heure plus tard, en conférence de presse à Wellington, sur les dernières mesures protectionnistes de Donald Trump. Celles-ci sont alors apparues très nettement comme étant à l’origine de la prudence de la RBNZ, inquiète des potentielles répercussions sur le marché obligataire local et plus largement sur l’économie mondiale.

En effet, l’inflation qui serait provoquée aux Etats-Unis, et aux Etats-Unis seulement, par la hausse des prix des produits importés devrait inciter la Réserve Fédérale américaine à agir en relevant progressivement son taux directeur. Par ricochet, les rendements se tendraient alors de façon subie aux quatre coins du globe, resserrant les conditions de crédit et pénalisant la croissance.

Mais Monsieur Wheeler craint également de possibles représailles de plusieurs partenaires commerciaux de la première puissance mondiale, on pense notamment à la Chine, et les conséquences négatives d’une telle guerre économique sur les échanges mondiaux.

Rappelons également que les Etats-Unis ont quitté l‘accord de partenariat transpacifique, dont fait partie l'archipel néo-zélandais, dès l’arrivée de la nouvelle administration au pouvoir. Et comme l’a récemment déclaré son secrétaire au Trésor, Gabriel Makhlouf, la Nouvelle-Zélande est un petit pays insulaire, isolé et très dépendant du commerce international.

En résumé, la banque centrale néo-zélandaise s’emploie à combattre les risques internationaux en usant d’une rhétorique destinée à contenir son taux de change et une certaine compétitivité. Comme l’a lui-même indiqué le gouverneur, de nombreux investisseurs sont ainsi un peu en avance en prévoyant une hausse de taux dès cette année.

Graphiquement, en données hebdomadaires, le Kiwi se heurte depuis l’été dernier à une résistance de long terme à 0.7325 USD. Celle-ci pourrait être préservée cette année sans bouleversement majeur dans les politiques monétaires d’une FED sur le chemin de la normalisation et d’une RBNZ accommodante. Nous sommes baissiers sur la parité avec 0.6682 pour objectif.