MUNICH, 14 février (Reuters) - La Russie a pris la main dans la crise syrienne et il est douteux que Moscou respecte l'accord négocié cette semaine à Munich, a estimé dimanche le député conservateur allemand Norbert Röttgen, président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag.

"Je pense que la Russie a pris la main dans la région et au regard de l'Histoire, c'est une nouveauté. Et ils sont parvenus à cela par l'emploi de la force armée", a-t-il dit lors de la conférence de Munich sur la sécurité internationale.

Ce cadre de l'Union chrétienne démocrate (CDU) d'Angela Merkel a également fait part de ses doutes sur l'attitude des Russes alors qu'un accord de "cessation des hostilités" doit entrer en vigueur dans un délai d'une semaine.

Cet accord a été adopté dans la nuit de jeudi à vendredi à Munich par les pays du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS). Il ne prévoit pas stricto sensu un cessez-le-feu formel, attendu que les belligérants syriens ne l'ont pas signé, mais une "cessation des hostilités" dans un délai d'une semaine et l'acheminement d'aide humanitaire.

Mais dès le lendemain, les forces gouvernementales syriennes appuyées par l'aviation russe ont poursuivi leur progression dans la région d'Alep (nord) et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a lui-même estimé à 49% les chances de succès de l'accord de Munich.

"Les Russes sont déterminés à modifier les réalités sur le terrain, et lorsqu'ils y seront parvenus, ils inviteront alors les Occidentaux à combattre un ennemi commun, à savoir l'EI" (ndlr, l'organisation djihadiste Etat islamique), a poursuivi Röttgen.

Cette approche, estime-t-il encore, disqualifie Moscou en tant que partenaire crédible de la lutte contre l'organisation djihadiste.

Le sénateur américain John McCain, adversaire malheureux de Barack Obama à la présidentielle de 2008, partage une opinion similaire.

"Ce n'est pas par accident que M. Poutine a accepté une cessation des hostilités. Nous avons déjà vu ce film en Ukraine: la Russie pousse son avantage militaire, crée de nouvelles réalités sur le terrain, utilise le déni et la livraison d'aide humanitaire comme monnaie d'échange et négocie un accord pour figer son butin de guerre", a dit l'élu républicaine de l'Arizona qui participait à la même table ronde. (Noah Barkin et Shadia Nasralla; Henri-Pierre André pour le service français)