* Relations difficiles entre les deux puissances

* Les sujets de discorde sont nombreux : Syrie, droits de l'homme...

* Points d'entente toutefois sur l'Iran et la Corée du Nord

par Lesley Wroughton et Phil Stewart

WASHINGTON, 9 août (Reuters) - Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense américains et russes ont maintenu leur rencontre vendredi à Washington même si les relations entre leurs deux pays traversent une des périodes les plus difficiles depuis la fin de la Guerre froide.

La Russie a accordé l'asile à Edward Snowden, qui a révélé au monde le programme Prism des services secrets américains de surveillance des communications par téléphone et par internet.

En représailles, le président américain Barack Obama a annulé cette semaine une rencontre bilatérale avec son homologue russe Vladimir Poutine qui était prévue en marge du G20 en septembre.

Les influents sénateurs républicains John McCain et Lindsey Graham souhaitent une réponse plus dure. Ils ont appelé l'Otan à accueillir la Géorgie, contre laquelle la Russie a été brièvement en guerre en 2088.

Dans ce climat tendu, le gouvernement Obama n'attend pas d'avancée spéciale lors de la rencontre ce vendredi entre le secrétaire d'Etat John Kerry, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel et leurs homologues russes Sergueï Lavrov et Sergueï Choigou. Mais la décision-même de maintenir les discussions est importante. Il faut maintenir la coopération avec Moscou.

"Soyons clairs. Cela reste une relation importante", a déclaré jeudi le porte-parole de la Maison blanche Jay Carney.

Si Sergueï Lavrov et John Kerry se sont rencontrés à de multiples reprises pour discuter de la fin de la guerre en Syrie, ce sera en revanche la première fois que se rencontreront Chuck Hagel et Sergueï Choigou en face à face. On appelle ses discussions à quatre, les deux plus deux.

La liste est longue des sujets de discorde entre Moscou et Washington, de la guerre civile en Syrie à la question des droits de l'homme, en passant par l'interdiction en Russie de ce que les autorités qualifient de "propagande" pour l'homosexualité.

SUJETS QUI FÂCHENT

Il y a néanmoins quelques dossiers, importants pour la sécurité mondiale, sur lesquels les deux pays peuvent travailler ensemble.

A commencer par l'Iran. La Russie est un partenaire important des Etats-Unis sur la question du programme nucléaire de Téhéran. Ce rôle va vraisemblablement se développer avec la prise de fonctions du nouveau président iranien, Hassan Rohani, qui a laissé entendre qu'il pourrait être plus désireux que son prédécesseur de parvenir à un accord avec l'Occident.

De même, la Russie a condamné avec les Etats-Unis le lancement d'un missile balistique par son ancien allié la Corée du Nord. En outre, les Etats-Unis et l'Otan peuvent compter sur un réseau complexe transitant par la Russie et l'Asie centrale pour acheminer leur matériel en Afghanistan.

"Nous estimons que nous devons continuer à coopérer sur des zones où nous le pouvons, où des progrès peuvent être faits au niveau mondial. L'Iran et la Corée du Nord sont deux bons exemples de cela", a déclaré la porte-parole du département d'Etat Jen Psaki lors d'un point de presse.

Elle a toutefois souligné que les sujets qui fâchent comme les missiles de défense, les droits humains et "bien sûr Edward Snowden" seront également abordés.

"Nous et eux voulons continuer à discuter et à échanger nos opinions avec l'espoir qu'avec le temps nous puissions avancer sur certaines questions centrales", commente un responsable américain.

Dimitri Simes, spécialiste de la Russie et président du cercle de réflexion Center for the National Interest à Washington, estime que des discussions franches entre Moscou et Washington restent la meilleure façon de résoudre les différends entre les deux puissances sur les questions comme celle du terrorisme international, de l'Afghanistan ou de la Syrie.

"La Russie n'est pas un partenaire commode sur aucune de ses questions, mais c'est un partenaire important", commente Dimitri Simes. "Je pense que le gouvernement le réalise vraiment. C'est la raison pour laquelle il n'a pas annulé les deux plus deux." (Danielle Rouquié pour le service français)