NATIONS UNIES, 23 août (Reuters) - La Russie a défendu vendredi devant le Conseil de sécurité de l'Onu réuni en urgence sa décision de faire pénétrer un convoi d'aide humanitaire en Ukraine sans l'accord de Kiev, en se disant lasse d'attendre une telle autorisation.

"Par moments, il semble qu'il n'y ait pas de chaîne de commandement claire à Kiev car des assurances sont données (à la Russie) à un très haut niveau puis d'autres personnes ne transmettent pas les ordres réclamés (...) par la police des frontières pour laisser passer les camions", a dit le représentant permanent de la Russie aux Nations unies, Vitali Tchourkine, devant la presse.

"Ce jeu ne pouvait pas durer indéfiniment", a-t-il ajouté.

"Nous avons suffisamment attendu et il était temps d'agir", a-t-il poursuivi. "Et c'est ce que nous avons fait."

L'Ukraine a qualifié cette intrusion sur son territoire d'"invasion directe".

Les Etats-Unis et leurs alliés européens ont condamné l'initiative russe.

Vitali Tchourkine a jugé hypocrite la position des pays occidentaux en rappelant qu'ils avaient eux-mêmes voulu livrer une aide humanitaire aux civils en Syrie sans l'aval des autorités syriennes.

L'ambassadeur russe s'en est aussi pris à la Lituanie, à l'origine de cette convocation en urgence du Conseil de sécurité.

Le représentant de Moscou a accusé ce pays balte, jadis membre de l'Union soviétique, de "torpiller toutes les initiatives constructives et productives" russes au Conseil de sécurité, avec l'appui des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.

Son homologue lituannienne Raimonda Murmokaïté a rejeté cette accusation d'obstruction systématique et a qualifié l'entrée du convoi russe de violation de la souveraineté de l'Ukraine.

Vitali Tchourkine a aussi balayé les accusations de l'Otan au sujet de tirs d'artillerie russes transfrontaliers et d'un soutien militaire croissant de Moscou aux séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine.

"Ils signalent cela depuis le début de la crise sans fournir la moindre preuve à l'appui de leurs allégations", a-t-il dit. (Louis Charbonneau; Bertrand Boucey pour le service français)