BELGRADE, 5 décembre (Reuters) - La formation d'une armée kosovare pourrait provoquer une intervention militaire de la Serbie, a averti mercredi la Première ministre Ana Brnabic.

Le Parlement du Kosovo, ancienne province serbe majoritairement peuplée d'Albanais de souche qui a proclamé son indépendance en 2008, doit se prononcer le 14 décembre sur la transformation des forces de défense, qui comptent 4.000 hommes, en une armée régulière.

Le processus pourrait prendre plusieurs années, mais Belgrade craint que cette armée ne soit mise à contribution pour expulser la minorité serbe qui vit toujours au Kosovo.

"J'espère que nous n'aurons jamais à l'utiliser (l'armée), mais c'est actuellement l'une des options envisageable, car nous ne voulons pas assister à ce (...) nettoyage ethnique", a déclaré à la presse Ana Brnabic.

De l'avis des experts, une telle intervention est hautement improbable compte tenu des projets serbes d'adhésion à l'Union européenne et la Première ministre cherche vraisemblablement à s'attirer les bonnes grâces des nationalistes.

Les tensions bilatérales se sont encore aggravées lorsque le Kosovo a décidé le 21 novembre de taxer à 100% les importations en provenance de Serbie et de Bosnie-Herzégovine, en réaction aux pressions de Belgrade contre son adhésion à Interpol.

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan, a jugé mardi que la création d'une armée kosovare allait "à l'encontre des conseils de nombreux alliés de l'Otan et pourrait avoir de graves répercussions sur la future intégration euro-atlantique du Kosovo". (Aleksandar Vasovic, Jean-Philippe Lefief pour le service français)