GENEVE, 24 avril (Reuters) - Les autorités helvétiques ont annoncé mercredi qu'elles allaient réintroduire pendant un an des contingents pour les ressortissants des pays de l'Union européenne désireux de travailler en Suisse.

Pour Bruxelles, cette décision viole l'accord bilatéral sur la libre circulation des personnes signé en 1999 avec Berne.

En activant la "clause de sauvegarde" contenue dans cet accord, le Conseil fédéral (gouvernement) entend limiter l'immigration après les campagnes menées par les partis de droite.

La mesure concerne les ressortissants de l'UE - sauf les Roumains et les Bulgares - voulant s'établir en Suisse avec un permis B, qui court sur cinq ans. Depuis un an, elle s'appliquait déjà aux personnes venant d'Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Slovaquie, Slovénie et République tchèque (UE-8).

"A partir du 1er mai 2013, le contingentement (des autorisations) délivrées aux ressortissants des Etats de l'UE-8 sera maintenu et, si les seuils prévus sont atteints, la mesure sera aussi étendue dès le 1er juin 2013 aux autorisations de séjour B délivrées aux travailleurs en provenance de l'UE-17", c'est-à-dire tous les pays de l'UE sauf la Roumanie et la Bulgarie.

La "clause de sauvegarde" permet à la Suisse de réintroduire unilatéralement des contingents pour une durée limitée, à condition que le nombre d'autorisations de séjour délivrées à des travailleurs provenant de l'UE dépasse d'au moins 10% la moyenne annuelle des permis émis au cours des trois années précédentes.

Dans un communiqué, le Conseil fédéral précise que "ces dernières années, le nombre d'immigrants étrangers a dépassé chaque année d'environ 60.000 à 80.000 unités celui des émigrants."

"Cette immigration qui se maintient à un niveau élevé a des effets positifs et négatifs, notamment sur l'économie et le marché du travail, les assurances sociales, l'aménagement du territoire, le marché du logement et l'infrastructure."

Le Conseil ajoute qu'"il est parvenu à la conclusion que l'activation de la clause de sauvegarde constituait une mesure, parmi de nombreuses autres, qui permettra d'avoir une immigration supportable du point de vue tant économique que social".

La porte-parole de la politique étrangère de l'UE, Catherine Ashton, a regretté cette décision qu'elle estime contraire à l'accord de 1999.

"Ces mesures ignorent les grands bénéfices que la libre circulation des personnes apporte aux citoyens de la Suisse comme à ceux de l'UE", écrit-elle dans un courriel. (Emma Farge, Guy Kerivel pour le service français)