Lausanne (awp/ats) - La Suisse gagne en compétitivité. Après un recul à la quatrième place au classement annuel 2015 de l'IMD, elle a repris cette année les deux places perdues. Le pays profite de la baisse des Etats-Unis (3e) et de Singapour (4e), derrière le nouveau leader Hong Kong.

La petite taille de la Suisse et sa recherche de qualité lui ont permis de réagir rapidement pour maintenir son économie au top, explique le Centre de la compétitivité mondiale de l'IMD à Lausanne dans son classement dévoilé lundi soir.

Concernant le renchérissement du franc lié à la fin du taux plancher avec l'euro, il avait déjà été pris en compte l'an dernier, précise à l'ats le directeur du Centre Arturo Bris. Malgré l'abolition de la mesure par la Banque nationale suisse (BNS), "les exportations suisses ont augmenté, de même que les flux de capitaux", ajoute-t-il.

La stabilité du modèle suisse et les faibles risques d'instabilité politique jouent en faveur du pays. Le contexte dans lequel évoluent les banques leur permet d'avoir des activités fleurissantes.

"Le classement montre clairement année après année que la croissance économique n'est en aucun cas la garantie d'une compétitivité future. La Chine et le Qatar s'en sortent très bien en terme de performance économique, mais restent faibles sur d'autres secteurs comme l'efficacité du gouvernement et des infrastructures", analyse Arturo Bris.

PUISSANCE AMÉRICAINE PLUS SUFFISANTE

Ainsi, la puissance de l'économie américaine n'est plus suffisante pour maintenir le pays au sommet après trois années passées en tête face à d'autres nations qui mettent en oeuvre des mesures stratégiques. La Suède, le Danemark, l'Allemagne, l'Irlande, les Pays-Bas, la Norvège et le Canada figurent aussi parmi les dix premiers du classement.

"Le modèle commun à tous les pays du top-20 vient de leur focalisation sur une régulation favorable aux affaires, avec des infrastructures physiques intangibles, parmi lesquelles les institutions", renchérit Arturo Bris.

La bonne performance de Hong Kong s'explique par l'engagement en faveur d'un environnement favorable aux affaires, avec un encouragement de l'innovation grâce à une taxation simple et basse, sans restrictions sur les flux de capitaux.

Cette région administrative spéciale de la Chine, au bénéfice d'une "large autonomie", offre une porte d'entrée pour les investissements directs étrangers dans l'empire du Milieu. Elle permet aussi un accès aux marchés globaux des capitaux.

Exception faite de Hong Kong et Singapour, l'étude met en avant un déclin marqué de l'Asie en comparaison annuelle. Taïwan (14e, -3 places), la Malaisie (19e, -5), la Corée du Sud (29e, -4) et l'Indonésie (48e, -6) ont tous subi des reculs "significatifs", tandis que la Chine se maintient juste dans le top-25 (-3 rangs).

"Ce déclin général est causé par la chute des prix des matières premières, un dollar fort et la détérioration des comptes dans les secteurs public et privé", étaye Arturo Bris.

LE BRÉSIL RECULE

Les pays d'Europe de l'Est remontent gentiment dans le classement, en particulier la Lettonie (37e, +6 rangs), la Slovaquie (40e, +6) et la Slovénie (43e, +6). L'Irlande (7e, +9) et les Pays-Bas (8e, +7) enregistrent les plus grandes progressions du classement.

"Le principal facteur des améliorations générales en Europe réside dans l'efficacité du secteur public, qui récupère maintenant sérieusement après la crise financière", commente Arturo Bris.

Les économies d'Amérique latine stagnent, car "le secteur public continue d'être un frein", selon Arturo Bris. Avec son 36e rang (-1), le Chili est le seul représentant de la région à ne pas être dans les 20 derniers. Le Mexique (45e, -6 places) recule également.

Le Brésil (57e, -1), qui avait pourtant montré des signes prometteurs pour devenir une "superstar" parmi les économies d'Amérique latine, a vu ses performances diminuer. Croissance stagnante du produit intérieur brut (PIB) et chômage en hausse pèsent notamment. L'Argentine (55e, +4) est la seule nation d'Amérique du Sud à avoir amélioré son classement.

Le Centre de la compétitivité mondiale de l'IMD publie son classement chaque année depuis 1989. Cette édition a permis la comparaison de 61 pays, sur la base de 342 critères analysant la performance économique, l'efficacité du gouvernement, l'efficacité des activités économiques ainsi que les infrastructures.

ats/fr