La Russie a annoncé jeudi la suspension temporaire, à partir du 15 août, de ses exportations de céréales et de produits agricoles dérivés en raison des mauvaises récoltes provoquées par la sécheresse, ce qui a entraîné une hausse des cours du blé à des niveaux plus vus depuis 2008.

Toutefois, les réserves mondiales de céréales étant plus élevées qu'en 2007-2008 et les conditions de récoltes en dehors de la Russie favorables, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime qu'il n'y a aucune raison pour parler d'une crise mondiale de l'agriculture.

"A ce stade, il est beaucoup trop tôt pour faire des comparaisons avec la flambée des cours de 2007-2008", a déclaré dans un entretien téléphonique à Reuters, Ken Ash, directeur du commerce et de l'agriculture à l'OCDE.

Les tensions actuelles se concentrent en outre sur le marché du blé tandis que la précédente crise avait concerné un ensemble de produits alimentaires de base et avait alimenté la flambée des cours sur le marché de l'énergie, a-t-il souligné.

L'OCDE n'envisage pas de revoir ses perspectives de prix ou de production, a précisé Ken Ash en ajoutant que sa précédente prévision pour la production russe de blé cette année n'était pas éloignée des estimations actuelles du marché.

Il a également rappelé l'opposition de l'OCDE aux restrictions sur les exportations, qu'elle considère comme une source de volatilité des prix internationaux et qui, à ses yeux, n'incite pas les agriculteurs à accroître leur production pour freiner la hausse des prix.

"Je pense que ce que nous observons en ce moment n'est pas lié aux facteurs fondamentaux de l'offre et de la demande (...) mais aux anticipations du marché", a-t-il déclaré.

Après avoir atteint jeudi un pic de deux ans, les cours du blé retombaient nettement vendredi, abandonnant 6% sur la Bourse de Chicago. Par rapport à son cours du 9 juin, le contrat à un mois sur le blé affiche toutefois un bond de 88% à Chicago.

Gus Trompiz, Alexandre Boksenbaum-Granier pour le service français, édité par Marc Angrand