BERLIN, 27 novembre (Reuters) - La crise des réfugiés en Allemagne profite au parti anti-immigration Alternative für Deutschland (AfD), qui tient son congrès ce week-end à Hanovre et qu'un récent sondage donne en troisième position dans les intentions de vote au niveau national, derrière la CDU de la chancelière Angela Merkel et les sociaux-démocrates du SPD.

Après avoir évité de peu l'implosion en juillet dernier à la suite de rivalités de personnes, l'AfD est créditée de 10,5% des intentions de vote dans une enquête INSA.

"La crise des réfugiés a ramené l'AfD du royaume des morts", déclare Manfred Güllner, le fondateur de l'institut de sondage Forsa.

En février dernier, la formation eurosceptique a remporté des sièges aux élections locales à Hambourg, faisant son entrée pour la première fois dans une assemblée de l'ouest du pays. Elle a ensuite obtenu des élus à Brême.

L'an dernier, l'AfD avait déjà remporté des sièges dans les Länder de Saxe, de Thuringe et de Brandebourg, dans l'est du pays, où la méfiance envers les immigrés est la plus forte.

Après la "guerre des chefs" de juillet, le parti était tombé à seulement 3% dans les sondages. Son dirigeant Bernd Lucke a quitté le navire pour fonder une autre formation, l'Alliance pour le progrès et le renouveau (Alfa).

"Tant que le gouvernement apparaîtra en difficulté sur la question des réfugiés, l'AfD en profitera", estime Hajo Funke, professeur à l'université libre de Berlin.

Les successeurs de Lucke à la tête du parti, Frauke Petry, une chimiste de 40 ans, et Jörg Meuthen ont adopté une ligne très ferme sur l'immigration et mis de côté les questions liées à la zone euro.

"Frauke Petry a fait de l'AfD un aimant pour les extrémistes de droite", explique Manfred Güllner.

Un député européen de l'Afd, Marcus Pretzell, a déclaré ce mois-ci à l'agence de presse dpa que la "violence armée" serait peut-être nécessaire, "en dernier recours", pour défendre les frontières allemandes si le flot de réfugiés ne se tarit pas. Un discours souvent bien reçu dans les Länder de l'est du pays, où le taux de chômage est plus élevé qu'à l'ouest.

Mais Jörg Meuthen, le "modéré" de la direction bicéphale du mouvement, a déclaré à Reuters que des slogans comme "l'Allemagne aux Allemands" avaient peu de chance de rencontrer un écho dans son propre Land de Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest du pays.

Des élections seront organisées en mars prochain dans cet Etat, ainsi qu'en Rhénanie-Palatinat et en Saxe-Anhalt, des scrutins que le parti eurosceptique envisage avec confiance, même si la CDU et le SPD ont exclu de s'allier avec lui pour diriger un Land. (Joseph Nasr, Guy Kerivel pour le service français)