Les chiffres de la production industrielle, couplés à ceux des ventes au détail, des investissements et des importations, montrent que la deuxième économie mondiale est peut-être sous la menace d'une nette décélération à moins que Pékin ne prenne de nouvelles mesures de relance.

La production dans l'industrie a augmenté de 6,9% en août sur un an, sa plus faible croissance depuis 2008 quand le pays avait subi le contre-coup de la crise financière mondiale.

Ce chiffre, bien inférieur au consensus qui était de 8,8%, dénote un ralentissement marqué par rapport à la hausse de 9,0% enregistrée en juillet.

Les investissements en actifs fixes en zones urbaines ont également ralenti avec une hausse de 16,5% sur les huit premiers mois de l'année contre +17,0% il y a un an. Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne +16,9%.

Les ventes au détail, elles, ont augmenté de 11,9% en août, une hausse là encore inférieure à juillet (+12,2%) et en-deçà du consensus (+12,1%).

VERS UNE CROISSANCE DE 7% AU T2 ?

"Les chiffres d'août tendent peut-être vers un atterrissage difficile. Le degré de ralentissement de l'économie au troisième trimestre ne sera pas modeste et cela accroît la possibilité d'une baisse des taux ou du coefficient de réserves obligatoires des banques", commente Xu Gao, chef économiste chez Everbright Securities à Pékin.

Certains économistes n'écartent pas une glissade de la croissance chinoise vers 7% au troisième trimestre, loin de l'objectif de 7,5% fixé pour l'ensemble de l'année. Pour l'atteindre, disent-ils, il faudrait une hausse de l'ordre de 9% de la production industrielle.

"Sans assouplissement monétaire, la Chine n'atteindra pas l'objectif d'une croissance de 7,5% cette année, et ce ralentissement marqué mettra en péril les réformes structurelles en cours", avertissent Liu Li-Gang et Zhou Hao, économistes d'ANZ, dans une note.

"Dans ce contexte, nous pensons que les autorités chinoises devraient annoncer des mesures d'assouplissement monétaire dès que possible pour enrayer la tendance au ralentissement."

Autre signe inquiétant, la production d'électricité chinoise a baissé en août, de 2,2%, pour la première fois en quatre ans.

Le Bureau national des statistiques a imputé la décélération de la production industrielle à la faiblesse de la demande mondiale, notamment en provenance des marchés émergents, et au ralentissement du secteur immobilier qui a réduit la demande pour l'acier, le ciment et les véhicules.

La croissance chinoise a ralenti à 7,4% au premier trimestre 2014, son plus bas niveau depuis 18 mois, puis est remontée à 7,5% en avril-juin après l'annonce d'un train de mesures de relance. Les indicateurs plus que mitigés des mois de juillet et d'août montrent que l'effet de ces mesures s'atténue rapidement.

"Le gouvernement doit prendre des mesures fortes pour stabiliser la croissance", juge Li Huiyong, analyste chez Shenyin & Wanguo Securities à Shanghai.

(Véronique Tison pour le service français)

par Kevin Yao