Le produit intérieur brut (PIB) des 19 économies de la zone euro a progressé de 0,3% sur la période avril-juin par rapport aux trois mois précédents, a annoncé vendredi Eurostat, l'agence de la statistique de l'Union européenne.

Le chiffre, conforme aux attentes des économistes interrogés par Reuters, traduit une amputation de moitié de la croissance du bloc par rapport à sa hausse de 0,6% au premier trimestre, qui a été confirmée.

Ce ralentissement, qui était attendu après un début d'année très dynamique, pourrait avoir été exacerbé par le climat d'incertitude régnant avant le scrutin britannique.

Même si les premières enquêtes post-référendum n'ont pas mis en évidence d'érosion significative des niveaux de confiance, l'impact économique du Brexit pourrait commencer à être ressenti dans les prochains mois.

A la suite du scrutin, la Commission européenne et le FMI ont revu en baisse leurs prévisions de croissance à moyen terme pour la zone euro.

L'enquête trimestrielle de la Banque centrale européenne (BCE) auprès des prévisionnistes professionnels publiée vendredi dernier évoque également une croissance plus faible que prévu pour le bloc en 2017 et 2018.

SIGNE AVANT-COUREUR ?

"Le troisième trimestre a commencé sur de bonnes bases mais il est probablement trop tôt pour commencer à négliger l'impact négatif potentiel du Brexit sur la croissance de la zone euro", a déclaré Peter Vanden Houte, économiste chez ING Bank.

Au delà du Brexit, le fléchissement du commerce international sur fond de ralentissement des émergents et l'affaiblissement des facteurs porteurs avec la remontée des cours des matières premières et l'affaiblissement de l'euro, pourraient encore accentuer le freinage de l'économie de la zone euro dans les prochains mois.

"Nous pensons que ce ralentissement de la croissance est un signe précurseur", observe Jack Allen, de Capital Economics, qui s'attend à ce que la croissance du PIB de la zone euro ralentisse encore davantage d'ici à la fin de l'année.

Eurostat ne publie pas de données pays par pays lors de la diffusion de sa première estimation mais l'Insee a parallèlement fait état vendredi d'une stagnation de la croissance en France, deuxième économie de la zone euro, au deuxième trimestre.

Ce chiffre inférieur aux attentes résulte notamment d'une consommation des ménages maussade et d'une correction de l'investissement des entreprises.

Le ralentissement de l'économie européenne pourrait plaider en faveur d'un renforcement des mesures de soutien mises en oeuvre par la BCE, qui a maintenu la semaine dernière ses taux à des niveaux historiquement bas et poursuit son programme d'achats d'actifs d'un montant de 80 milliards d'euros par mois dans l'espoir de raviver une inflation chancelante.

L'inflation a progressé un peu plus que prévu en juillet dans la zone euro, à 0,2% contre 0,1% en juin, selon la première estimation publiée vendredi par Eurostat.

Malgré cette légère accélération, elle reste largement inférieure à l'objectif de la BCE, qui est d'un tout petit peu moins de 2%.

Eurostat a également annoncé que le chômage était juste au-dessus de 10% en juin, à 10,1%, après une légère baisse en mai, donnant un total de chômeurs de 16,3 millions. Le taux de chômage des jeunes a légèrement baissé à 20,8% contre 20,9% en mai.

(Marc Joanny et Myriam Rivet pour le service français, édité par Yann Le Guernigou)

par Francesco Guarascio